Cameroun : Cette surmortalité que l’on banalise

Il y a quelque chose au Cameroun qui, à l’observation, fait parfois penser aux images de l’apocalypse, notamment les spectacles insoutenables, voire la cadence vertigineuse des levées de corps qui a court tous les week-ends, dans la plupart des morgues  d’établissements hospitaliers, les spectacles de tous ces corps sans vie qui défilent devant le public, de toutes ces agitations funestes avec leurs cohortes de cris, de larmes et de lamentations. Les heures que les radios locales consacrent aux pages nécrologiques semblent insuffisantes pour lire tous les communiqués funèbres qui leur parviennent. Si ces spectacles funestes abasourdissent parfois l’étranger résident ou de passage, ils ne semblent pas impressionner outre mesure les Camerounais qui les considèrent comme relevant de l’ordre normal des choses.

Près de 200 000 décès par an

Personne n’ose parler de surmortalité. Pourtant c’en est une et pas des moindres. Il y a à peu près 200.000 décès par an dans ce pays abritant un peu plus de 20 Millions d’habitants à l’intérieur de ses frontières. On y meurt beaucoup et de tout. D’accidents de toutes sortes : chutes d’arbres, morsures de serpents, noyades, interruptions volontaires de grossesses, accidents d’accouchements, de circulations routières et ferroviaires, etc. On y meurt aussi de plus en plus d’assassinats (par empoisonnement, par arme blanche ou à feu, par sorcellerie), d’agressions extérieures ( Boko Haram), de guerres intestines, fratricides et sécessionnistes, aux Nord-Ouest et Sud-Ouest. Mais en réalité, dans ce pays où les populations ne disposent pas de couverture de santé convenable, on décède surtout de maladies. Du paludisme aux hépatites, en passant par le Sida, la typhoïde, la drépanocytose, les gastro-entérites, les maladies diarrhéiques, les épidémies de choléra, de fièvre aux origines mal connues, les infections microbiennes, bactériennes, virales, pulmonaires, sexuellement transmissibles, la malnutrition, les problèmes cardio-vasculaires, les cancers, l’hypertension, le diabète, les maladies de reins, etc.

On y meurt de tout

Particulièrement désargentés, dans leur immense majorité et donc incapables de se soigner convenablement, les camerounais, meurent énormément, par étouffement, par strangulation, en silence parfois, dans des établissements hospitaliers – sensés symboliser des lieux de guérison et de soulagement de la douleur – mais qui s’avèrent être de véritables mouroirs. On assiste à un massacre silencieux d’une population qui ne demande qu’à vivre convenablement. Le Cameroun est le théâtre d’un terrible drame, le drame d’un pays qui voit les vies de ses filles et ses fils fauchées comme des mouches, comparables à celles des soldats africains qui servaient de boucliers humains aux Français dans leurs guerres contre l’Allemagne nazie.

Avec la pandémie du Covid-19 qui est venue ajouter son lot de décès, l’urgence d’une crise sanitaire a été décrétée pour cette dernière. Un Covid-19 pour lequel des médecins-chercheurs africains ont pourtant trouvé les parades, avec l’Avipirine  du Béninois Valentin Agon, le covid-organic venu de Madagascar, avec l’hydroxychloroquine/azythromicine, du Franco-africain (c’est lui-même qui aime à le dire) le Pr Didier Raoult, qui rassure en plus, en affirmant que cette affection est ‘’l’une des plus faciles à traiter’’. On a très envie de poser une seule question aux dirigeants du Cameroun : Comment arrivent-ils à décréter une urgence sanitaire pour une affection qui a fait à ce jour moins de 100 morts et n’arrivent pas à le faire pour des désastres sanitaires comme le Sida, les infections respiratoires internes, les maladies diarrhéiques, le paludisme (qui tue plus de 29 malades sur 100 ) ?  Difficile de savoir si vraiment les dirigeants Camerounais le savent, leurs populations avec…S’ils savent que leur pays affiche les taux de mortalité les plus élevés au monde ( 10/11 pour 1000 habitants)… Que leur pays fait partie des pays où les gens meurent le plus…


Alain Bengono

Laisser un commentaire