Cameroun: Port de Douala, un pôle de développement

Depuis sa création le 15 juin 1999, le port autonome de Douala est devenu au fil des années le porte étendard de l’économie camerounaise, voire de la sous-région Afrique centrale (zone CEMAC). Malgré des périodes quelques peu sombres, le PAD n’en finit pas d’être le socle économique de la sous-région.

Premier port en activité au Cameroun, le port autonome de Douala est une entreprise dont l’Etat camerounais est le principal actionnaire. Sa création vient de la nécessité pour le gouvernement de la république du Cameroun qui, conscient de disposer de 490 Km de côtes sur sa façade atlantique, a décidé d’exploiter cet important potentiel portuaire au niveau de l’Afrique centrale. C’est ainsi que les autorités ont promulgué la loi n°98/021 du 24 Décembre 1998 portant organisation du secteur portuaire Camerounais.

Cette loi fait ressortir l’existence de quatre (4) organismes portuaires autonomes dont le port de Douala.
En effet, dans ses attributions principales, il est clairement spécifié qu’ils assurent la gestion, la promotion et le marketing du Port de Douala. Ses missions sont entre autres la coordination générale des activités portuaires, les travaux d’équipement, d’extension, d’amélioration, de renouvellement, de reconstruction, d’entretien des infrastructures et équipements portuaires, la sécurité et la police des opérations d’exploitation, la protection de l’environnement portuaire, la maîtrise d’ouvrage des travaux confiés aux entreprises spécialisées, l’animation de la communauté portuaire.

Situé dans l’estuaire du Wouri, le port de Douala assure la quasi-totalité du trafic portuaire national à hauteur de 95%. Donnant sur l’océan atlantique, il est le premier port dans la Zone CEMAC. Dans cette perspective, les exportations et les importations en provenance ou à destination de ces pays bénéficient de tarifs préférentiels. C’est au début des années 2000 que le port autonome de Douala est entré dans une phase importante de son existence avec l’ouverture aux capitaux privés. C’est ainsi que le terminal à conteneurs (DIT) est géré par des opérateurs privés qui vont se réunir en consortium, notamment Bolloré et Maersk pour des activités de remorquage, de lamanage ainsi que l’exploitation de l’usine à glace.

Des chiffres qui parlent malgré tout

Le port autonome de Douala, du fait de sa position stratégique a établi sa notoriété dans les activités conteneur. Aussi, selon des chiffres qui ont été publiés en 2003, il apparait clairement qu’il s’établissait à 1,2 million de tonnes, soit 137.624 TEU l’équivalent de 20 pieds, pour un taux de conteneurisation de 50 %.  Des chiffres qui, au fil des années se sont nettement améliorés.
Depuis sa mise en services par le gouvernement du Cameroun, cette structure a toujours participé de manière considérable à l’éclosion de l’économie à travers des entrées de devises importantes. Selon des chiffres publiés pour l’exercice clos de l’année 2018, le chiffre d’affaires du port autonome de Douala est à l’actif et au passif de 238 163 000 000 FCFA pour cet exercice budgétaire. Des résultats qui vont aller crescendo pour les prochains exercices grâce à la poursuite de ses ambitieux programmes d’investissements. Il s’agit de l’enlèvement des épaves de navires qui doit permettre de libérer certains quais au port de pêche et plus de sécurité à la navigation, l’acquisition de nouveaux équipements pour assurer le dragage sur la place portuaire de Douala-Bonabéri, l’accroissement des capacités d’accueil aux navires avec notamment la construction de 750 mètres linéaires de quais sur la rive droite du fleuve Wouri et la construction d’un duc d’albe, ouvrage d’appontement pour navires pétroliers.

L’ouverture à la concurrence

Avec la promulgation de la loi n°98/021 du 24 Décembre 1998 portant organisation du secteur portuaire Camerounais, le gouvernement a décidé pour le besoin en Ports plus profonds ayant la capacité d’accueillir des navires plus grands pour optimiser les rendements du trafic, de mettre sur pied d’autres zones portuaires dont le port en Eau profonde de Kribi(PAK), qui vient ainsi concurrencer le mastodonte. Cependant, force est de constater que la concurrence nationale à laquelle doit faire face la place portuaire de Douala est purement potentielle car pour le moment, celle-ci reste et demeure la principale infrastructure portuaire fonctionnelle du pays malgré la mise en service progressive du port en eau profonde de Kribi. Ainsi, les Ports concurrents potentiels les plus sérieux au Port de Douala sont ceux qui ont un accès direct à la mer à savoir Limbé et Kribi. Le Port de Garoua quant à lui, est un port fluvial et saisonnier situé dans le continent et ne saurait être considéré comme un concurrent à Douala.
Par ailleurs, l’environnement dans lequel la structure évolue est en pleine mutation avec une concurrence de plus en plus marquée en zone CEMAC. En effet, elle fait face à un accroissement des pressions concurrentielles de par l’action des Ports de Pointe Noire, de Malabo et de Bata.

 

La renaissance

Malgré ses énormes avancées considérables, la structure a traversé des périodes extrêmement difficiles dues en grande partie aux guerres de positionnement managériales et des détournements en masse. La dernière en date est celle qui a mis au prise le DIT  du groupe Bolloré et la direction générale ayant à sa tête Cyrus Ngo’o, qui par nationalisme, a bravé une décision de justice pour mettre sur pied La Régie du terminal à conteneurs (Rtc) ,qui est entrée en service le 31 décembre 2019 au Terminal à conteneurs du port éponyme. La Rtc succède ainsi à Douala International Terminal (DIT), filiale camerounaise du groupe Bolloré dont le contrat de concession d’une durée de 15 ans, a expiré le 31 décembre 2019.
Pour rappel, depuis sa création, le port autonome de Douala a vu défiler de nombreuses personnes à sa tête. D’Etoundi Oyono à Dayas Mounoume en passant par Siyam Siewe et autre Tchouta Moussa Batkam jean Lavoisier, il est clair que cette entreprise va continuer à écrire les belles pages de l’économie camerounaise.

Joseph Kono Mengo correspondant au Cameroun

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