Spectacles au Cameroun : la mort programmée des artistes en raison du Covid 19

Dans une émission de grande écoute «  Dimanche Avec Vous » sur Équinoxe TV (une chaîne de télévision camerounaise),  l’artiste musicien Hervé Nguebo a lancé un cri de détresse sur la situation des artistes au Cameroun face à l’interdiction en cascade des spectacles et concerts. Il a demandé au Président de la République de leur venir en aide de toute urgence face à la paupérisation de leur situation. Exprimant là le ras le bol des artistes de tout bord.

En effet, depuis le mois de mars dernier, on assiste à l’interdiction des spectacles et concerts sur le territoire national. Le 26 mars 2021 le concert de Moundi alias Petit Pays, prévu au cabaret le Boukarou Lounge, sans publicité a été annulé sine die par un arrêté du Sous-préfet  de l’arrondissement de Yaoundé 1er dans la capitale du Cameroun au motif de la resurgence du covid 19. Sur la même lancée le Gouverneur de la région du centre avait déjà pris un arrêté interdisant les concerts et spectacles dans toute l’étendue de sa sphère de compétence. C’est la même décision qu’ont pris les Gouverneurs des régions du Littoral et de l’Ouest du Cameroun et ceci jusqu’à nouvel avis en raison de l’avancée du Covid 19 avec sa cohorte de morts et de contaminations. C’est dans ces régions que certains artistes font l’essentiel de leur « chiffre d’affaires ». Pendant ce temps, le ministre de tutelle est aux abonnés absents.

Clochardisation des artistes

Au demeurant, c’est le lieu d’indiquer que sans concert ou spectacle les artistes et autres comédiens n’ont rien. Ils sont à la merci de quelques promoteurs véreux : des cachets insignifiants versés à dose homéopathique, des droits versés en monnaie de singe. Et lorsqu’il y’a quelques mécènes ceux-ci préfèrent donner de gros cachets aux artistes étrangers. Ça été le cas en février dernier avec Fally Ipupa qui a offert des spectacles avec des droits d’entrées oscillant entre 300 000 frs cfa et 1.000 000 frs cfa. Le même était déjà au Cameroun au mois de Décembre 2020 en prestation pour le mariage d’une fille d’un grand homme d’affaires de l’ouest, et des personnes bien introduites parlaient à l’époque d’un cachet au bas mot de 20.000 000 de frs cfa. Ce qui a engendré une vive polémique car, lorsqu’il est question des artistes camerounais, ils sont payés en  centaines de milliers de frs cfa, alors qu’ ils offrent des shows de bonne facture. Une manière élégante de les maintenir dans la misère. C’est le lieu d’indiquer pour le déplorer, qu’ aucunes mesures gouvernementales ou ministérielles ne sont mises en place afin de venir en aide aux artistes et autres comédiens, comme c’est le cas ailleurs.

Un « laisser-aller » qui inquiète

Cependant, ce qui semble ubuesque et ridicule dans ces différentes décisions administratives c’est que les cabarets, les bars et les restaurants restent ouverts. Il en est de même des marché et autres centres commerciaux, les églises et lieux de culte bondés sans respect de distanciation. Ces lieux selon les spécialistes sont de véritables vecteurs de propagation du virus

Lorsqu’on regarde le comportement de la population camerounaise, on dirait que cette maladie ne dit rien à personne. Il y a un laisser aller qui devrait inquiéter au plus haut sommet de l’État , avec l’apparition de certains variants du Covid 19 et la résurgence des cas de contamination; le ministère de la santé indiquant par exemple qu’il y a 80 nouveaux cas détectés en une semaine dans la région du centre. Celle-ci étant en tête avec plus de 18 000 cas recensés et plusieurs morts.

Charles Yaho

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