Disparition du général Défao : l’emblème du « Roboti-Robota » rejoint les étoiles

À la veille de la fête du nouvel an, un drapeau noir flotte sur l’empire de la musique, encore du fait de ce satané covid19 ! Opportuniste et lâche, le virus aurait sévi dans un contexte clinique amoindri par un diabète chronique, que l’artiste trainait de longue date, affirme-t-on du côté de son producteur Anytha Ngapy, que nous avons pu joindre au téléphone.

Un deuil de trop, survenant après la funeste série noire qui a emporté l’année dernière nombre de musiciens : Aurlus Mabélé, Mory Kanté, Manu Dibango, Tony Allen…, plus proche encore, Jacob Desvarieux, pour ne citer qu’eux. Cette fois-ci, c’est au tour du général Défao d’y passer, à 62 ans, à peine. Cruel ! La nouvelle qui s’est d’abord répandue comme une trainée de poudre dans les réseaux sociaux, en rumeurs contradictoires, a fini par être confirmée, malheureusement, au soir du lundi 27 décembre 2021, par la presse.

Un auteur-compositeur-interprète de charme

De son vrai nom François Lulendo Matumona, Défao est né le 31 décembre 1958, à Kinshasa en République Démocratique du Congo, ex Zaïre. Il se révèle au public au tout début des années 80 dans l’orchestre Zaïko Wawa du grand guitariste Manuaku Waku. Plus tard, il intègre l’orchestre Choc Stars de Ben Nyamabo, où il effectue l’essentiel de sa carrière, aux côtés de grandes stars telles que Bozi-Boziana, Debaba, Carlyto, Roxy Tshimpaka, Djo Mali, Djuna Djanana…

À l’aube de la décennie 90, Défao décide de faire cavalier seul, créant son propre groupe « Les Big Stars ». Un groupe qui l’a conduit à l’apogée de sa carrière, volant de succès en succès, avant de décliner progressivement au crépuscule de cette décennie.

Si le Général Défao fut auteur-compositeur-interprète de charme, avec un répertoire à l’avenant, constitué de chefs d’œuvre ayant fait époque, tels que « Amour scolaire », « Chagrin Dimone » (meilleure chanson 1988 du Zaïre de ce temps-là), « Hitachi », « Famille Kikuta » (premier au hit-parade zaïrois 1994), c’est surtout par son talent exceptionnel de danseur qu’il frappa les esprits. Jouant à l’envi de sa souplesse et de son charisme pour produire des spectacles captivants, il comptait parmi les meilleurs show man de la sous-région. Les mélomanes avisés se souviendront certainement de ses exploits scéniques avec la danse « Roboti Robota » de Choc Stars, qu’il imposa dans le paysage, souvent en tandem avec Monza 1er. Que de beaux souvenirs !

Mort au champ d’honneur 

Brutale, sa disparition sème l’amertume chez les mélomanes, alors que l’artiste reprenait du poil de la bête ces derniers temps, grâce notamment à quelques collaborations remarquées avec ses amis musiciens tels que Bozi-Boziana, Luciana Demingongo et même Sam Mangwana.

En vrai général, il a vécu, en vrai général, il est mort, pour ainsi dire, au champ d’honneur, à Douala, au Cameroun où il se trouvait en contrat de prestation musicale.

Avec la disparition du général Défao, la Rumba congolaise, tel un arc-en-ciel écorné, vient de perdre l’une de ses multiples nuances et non des moindres, le style « Ba yakas », forgé à l’école Zaïko Wawa, dont le tube « Menace de divorce », lancé au début des années 90 représente l’emblème.

Au moment où la Rumba congolaise effectue son entrée dans ce panthéon mondial de la culture, qu’est l’UNESCO, dont elle a obtenu le prestigieux classement au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, comment ne pas saluer la contribution de ce soldat dans le rayonnement international de ce genre musical ?

Guy Francis TSIEHELA 

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