Cameroun : l’affaire Atangana Kouna, une entrave à la justice ?

Par note confidentielle  en date du 02 décembre 2020, le Ministre d’État, Secrétaire Général  de la Présidence de la République, demande au Garde des sceaux sur « hautes directives du Président de la République, prescrivant l’arrêt des poursuites engagées contre le nommé Basile Atangana Kouna »,  dans l’affaire l’opposant au ministère public et Camwater. Prière,  indique la Présidence de la République, « d’en informer le Président du Tribunal Criminel Spécial , le Procureur Général  près le dit Tribunal et le ministre des finances ». Tout ceci en vue de la mise en œuvre pratique des modalités de reversement au trésor Public du corps du délit cantonné dans les comptes bancaires  de l’intéressé, au montant arrêté par le juge d’instruction. En clair, il s’agit de permettre au mis en cause, après paiement des sommes détournées, d’être libéré. Basile Atanga Kouna est un ancien ministre camerounais de l’énergie et de l’eau incarcéré à la légendaire prison de Kondengui à Yaoundé la capitale du Cameroun, pour détournement de deniers publics.

Deux poids deux mesures

Il faut relever que la note confidentielle du Secrétaire Général de la Présidence, ne mentionne pas de quelle affaire il s’agit. Et dans les milieux judiciaires, cette lettre s’apparente à un déni de justice, pour la simple raison que les « griefs retenus contre Basile Atangana Kouna sont établis, la justice l’a mis en prison, et la sentence était attendue. Maintenant, on demande à la justice de le libérer. Tout cela s’apparente au non respect de la séparation des pouvoirs inscrit dans la constitution camerounaise » a indiqué une source qui a requis l’anonymat. Et pour confirmer l’action de la justice, le mis en cause avait en septembre 2019, procédé à un virement d’une somme de 125 millions de francs Cfa en règlement à l’amiable de ce contentieux. Sa libération reste toujours attendue. « Sommes-nous encore dans un pays de droit ou de passe droit ? » s’interroge un magistrat  qui indique par ailleurs que « lorsqu’il est question d’un citoyen lambda on ne voit pas une telle sollicitude. Le voleur de poule est embastillé sans aucune intervention ».

Au demeurant, ce qui semble curieux dans ce dossier, c’est qu’il n’est pas fait mention des coaccusés de Basile Atangana Kouna. Et d’autres ex-ministres et directeurs des sociétés d’État n’ont pas connu la même fortune en vue de leur libération. Urbain Olanguena (ancien ministre de la santé), Joseph-Marien Atangana Mebara (ancien ministre, Secrétaire Général de la Présidence), Gervais Mendo Ze (ancien Directeur de la CRTV, la télévision nationale), Yves Michel Fotso (ancien Directeur de la compagnie aérienne Camer Co), tous ont versé des sommes au Trésor Public en vue de leur libération, mais sont toujours en prison.

Un enrichissement illicite qui suscite des indignations

Pour mémoire, rappelons que lors du déclenchement de cette affaire, elle avait suscité un engouement médiatique au regard des sommes et véhicules saisis. Dans ses différents comptes en banque et dans d’autres institutions du Cameroun des montants astronomiques ont été saisis par la justice. Il s’agit de 971 000 euros, 222 256 dollars US, soit environs 754 millions de francs Cfa. des devises en Sterlings, francs suisses, dollars de Hong Kong, Yuan et des shekels. Un parc automobile impressionnant fait de grosses cylindrées avec Mercedes classe S et 4×4, Porche, Lexus, Renault Velsatis, Mini Moris, Toyota land Cruiser, Hyunday, Kia et autres gros 4X4. Au  total 14 véhicules  éparpillés dans des garages privés au quatre coins de la ville de Yaoundé. Sans oublier les titres fonciers.

Charles Yaho

 

 

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