Musique : Le père du soul makossa emporté par le Covid-19

Le Covid-19 n’a pas fini de semer la psychose, la mort et la désolation dans le monde, à l’instar du grand Manu dont il vient de briser le saxophone. L’univers musical africain a été touché en plein cœur car, ce baobab qu’était Manu Dibango, est parti, laissant ses très nombreux fans orphelins, sans voix, tétanisés, choqués et sans doute, plus effrayés encore par la férocité de ce monstre froid et sans pitié qu’est le Covid-19. Sans vraiment nous attarder sur les circonstances de sa disparition, survenue le 24 mars 2020, six jours après avoir été hospitalisé pour cause de Covid-19, insistons davantage sur sa longue, riche et exceptionnelle carrière musicale, étroitement liée à un instrument : Le saxophone, dont il était le pape.

Une riche carrière

Ce compositeur, chanteur, saxophoniste, né le 12 décembre 1933 à Douala, sous le nom de Emmanuel N’djockè Dibango était inséparable de son saxophone auquel on l’identifiait. Il en était d’ailleurs un virtuose et excellait dans le world jazz, le makossa, le groove, bref, mais pour tout dire, il était tout simplement un musicien du monde. C’est en 1950 qu’il découvre le monde musical et commence à toucher aux différents instruments, parmi lesquels, le piano, le saxophone. Après avoir accumulé de petites et grandes expériences musicales dans des orchestres en Europe et en Afrique, des rencontres avec de grands musiciens et chanteurs comme Francis Bebey, Dick Rivers ou autre Nino Ferrer, il sort un 45 tours sur lequel une chanson, ‘’Soul Makossa’’, dont les accents africains passionnent les musiciens noirs aux Etats-Unis, et qui lui donne l’opportunité d’y effectuer une tournée. Ce sera le début d’une longue, riche et exceptionnelle carrière musicale qui le rendra célèbre dans tout le monde entier. Une carrière faite de nombreuses distinctions et décorations, d’une discographie qu’il serait difficile d’énumérer ici dans sa totalité, tout comme ses clips, ses musiques de films, ses talents d’animateur radio, sans oublier les bandes dessinées qui lui ont été consacrées, ses différents engagements pour un monde meilleur, à l’instar de la signature avec Juliette Binoche d’une tribune contre le réchauffement climatique en septembre 2018, etc…

Rappelons, au passage que la chanson, ‘’Soul Makossa’’, qui le fit connaitre par le plus grand nombre, sera reprise sans autorisation par des légendes comme Michael Jackson et Rihanna.  Il décidera alors d’attaquer plus tard en justice (en février 2009) leurs maisons d’édition. Une procédure qui finira par un arrangement financier à l’amiable.  Manu Dibango a été inhumé dans l’intimité familiale au cimetière du Père Lachaise à Paris le 27 mars 2020.

Alain Bengono

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