Mépris, condescendance, humiliation… l’Afrique mangée à toutes les sauces

 

En choisissant un canal assez inhabituel (il voulait certainement jouer au communicateur politique professionnel et innovateur, dixit un ami), suivi d’un langage peu diplomatique (et c’est un euphémisme) pour adresser un ressentiment à peine voilé à son homologue Camerounais, Emmanuel Macron, le Président français a réussi à provoquer une vague d’indignation chez de nombreux Camerounais. Une colère qui a poussé certains d’entre eux à manifester leur mécontentement dans les journaux, les réseaux sociaux, y compris dans la rue. De nombreux Camerounais sont donc en colère, jugeant que le Président français a manqué de respect à leur Chef d’État Paul Biya. En réalité ce n’est pas un fait nouveau. Les exemples de manifestation du mépris que les Chefs d’États occidentaux ont eu à l’endroit de leurs homologues d’Afrique sont légions.

Quelques formes de mépris
Août 2014, premier Sommet USA-Afrique à Washington. Près de cinquante Chefs d’État et de gouvernement africains, qui s’y retrouvent sont traités avec une incroyable condescendance. Ils se retrouvent dans un Sommet où on leur apprend comment gérer un pays ; ensuite ils sont pris à partie par les ONG qui leur donnent une leçon sur les problématiques des droits de l’homme et de corruption ; enfin, le Président américain de l’époque, Barack Obama, ne recevra aucun de ces Chef d’État à la Maison Blanche. Un mépris qui avait contrasté avec l’optimisme né de l’élection d’un Président ayant des origines africaines à la tête de la première puissance mondiale.

Donald Trump, l’actuel locataire de la Maison Blanche, va traiter Haïti et un certain nombre de pays africains de « pays de merde ».

Lors de l’ouverture du 14ème Sommet de la Francophonie en 2012 à Kinshasa en République Démocratique du Congo, François Hollande alors Président de la France va faire attendre Joseph Kabila, à l’époque Président du pays hôte, pendant plus de 40 minutes. En langage diplomatique, cela signifie : je ne vous respecte pas. Il va même pousser le bouchon loin devant la presse, en donnant des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme au Président congolais qui se trouvant juste à côté de lui.

Que dire de l’attitude condescendante du Président Emmanuel Macron – désormais habitué des faits – d’abord à l’Élysée, recevant ses homologues africains en compagnie de son chien qui passera tout le temps à renifler ses invités ; et ensuite à l’égard du Président Burkinabé Roch Marc Kaboré ? En effet s’adressant aux étudiants lors d’une visite au Burkina Faso en 2017, le Président français avait livré son homologue à la vindicte de ses compatriotes. Se plaignant des coupures d’eau et d’électricité, dans le pays, Emmanuel Macron va répondre aux étudiants en ces propos : « Ce n’est pas à moi de réparer votre électricité c’est à votre président ». Ce qui a choqué le Président Burkinabé Roch Marc Kaboré qui a aussitôt quitté la salle.

Les Chefs d’État français visiblement sont coutumiers des faits. L’on se souvient des propos de l’ancien Président Nicolas Sarkozy qui, dans un discours prononcé à Dakar au Sénégal le 26 juillet 2007, avait carrément manqué de respect aux Africains en déclarant que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme Africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Des propos qui avaient suscité l’indignation à travers le monde.

Et si ce sont les Africains eux-mêmes qui ont toujours donné le bâton aux autres pour se faire fouetter ? Pourquoi tant de mépris ? D’aucuns diront que les Chefs d’États africains pour la plupart sont des pantins, installés au pouvoir par les occidentaux pour préserver leurs intérêts.

Effectivement, lorsqu’on voit ces dirigeants importer presque tout, pire, mendier pour survivre, y compris des vivres qu’ils peuvent pourtant produire au-delà de leurs besoins, on ne peut que comprendre ce mépris. Et comme le dit si bien une sagesse « la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit » (mendie ou quémande).

Alain Bengono

 

 

 

 

 

 

 

 

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