Football : la Coupe d’Afrique des Nations est menacée

La CAN, (Coupe d’Afrique des Nations) est menacée. Pendant que les Africains passent tout leur temps à vociférer et à s’étriper sur les réseaux sociaux, la grande messe du football africain est en train de glisser, de prendre du large.

Depuis le départ de Issa Hayatou (ancien Président de la CAF) qui tenait tête à la FIFA, cette dernière utilise désormais les Africains pour les aider à faire main basse sur cette prestigieuse compétition.

Oui Issa Hayatou élu en 1984, a mis long à la tête de l’instance faîtière du football africain (1988-2017). Beaucoup estimaient qu’il était temps qu’il aille se reposer.

Et puis vint Ahmad Ahmad dont les partisans de l’ancien Président de la CAF qualifient de « revanchard, de justicier » et qui se présente comme celui qui va révolutionner le football africain. Porté à la tête de la Confédérations africaines de football par ses « mécènes » et « mécontents », il est selon ses détracteurs, animé par un esprit revanchard. Il en veut disent-ils à Issa Hayatou d’avoir retiré l’organisation de la CAN U17 initialement prévue du 2 au 16 avril 2017, à Madagascar son pays d’origine.  Et pourtant le motif de ce retrait était clair : après plusieurs visites d’inspection d’une équipe de la CAF dans la Grande Ile, et à quelques jours du début de la compétition, rien n’était prêt.

Devenu Président, Ahmad Ahmad va multiplier des frasques et surtout faire preuve d’amateurisme par exemple en faisant passer le nombre de pays participant à la CAN de 16 à 24, mettant ainsi la pression sur les pays candidats à l’organisation de cette compétition comme le Cameroun qui désigné pour abriter la Coupe d’Afrique des Nations 2019.

Le pays de Roger Milla, Samuel Eto’o, Patrick Mboma, Rogobert Song… doit mettre les bouchées double pour réunir toutes les conditions pour que la CAN se déroule sur son sol. La suite on la connaît : le Cameroun peine à livrer toutes les infrastructures pour l’organisation de la compétition. Il y’a glissement sur les organisations des CAN 2019, 2021, 2023. D’un commun accord avec la CAF, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée Conakry, prennent acte de ces différents glissements. Le Cameroun hérite de l’organisation de l’édition de 2021, la Côte d’Ivoire 2023 et la Guinée 2025. Mais avec l’avènement de la pandémie de la COVID-19, le Cameroun obtient un second glissement. Initialement programmée de janvier à février 2021 cette Coupe d’Afrique des Nations aura plutôt lieu du 9 janvier au 6 février 2022.

Sitôt arrivé, sitôt débarqué

Bien avant que ces dates ne soient fixées pour cette grande messe du football africain, la FIFA, l’instance faîtière du football mondial est rentrée dans la danse en suspendant le Président de la CAF Ahmad Ahmad et en mettant sur pied un Comité de gestion provisoire. Il est par ailleurs condamné à 185 000 € d’amende. Les responsables du football mondial lui est reprochent « d’avoir enfreint les articles 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du code d’éthique de la FIFA, ainsi que l’article 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018 ». 

Ayant fait appel pour cette sanction, il est définitivement suspendu le 8 mars 2021 par le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour deux ans. Cette suspension est assortie d’une amende de 50 000 Francs suisses (45 000 euros). La confirmation de la décision du TAS – bien que réduite de cinq à deux ans – l’empêche donc définitivement de briguer un second mandat à la tête de la CAF.

La FIFA profite de cette occasion pour « désigner » dans une pseudo élection à main levée le milliardaire sud-africain Patrick Motsepe pour remplacer Ahmad Ahmad. La suite on la connaît. Grosse implication de la FIFA pour ce que certains qualifieront de « déstabilisation du football africain ». Se jouera, ne se jouera pas ? La CAN connaît des rebondissements.

Le diktat de la FIFA 

Réuni à Doha au Qatar le 19 décembre 2021, Gianni Infantino le Président de la FIFA demande au comité exécutif de la CAF de reporter sa compétition reine : la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Il avance plusieurs raisons dont l’incertitude concernant les infrastructures au Cameroun, la dégradation de la situation sanitaire, l’émergence du variant Omicron en Afrique australe ainsi que la réticence des clubs européens à libérer leurs joueurs en hiver. Des clubs, notamment anglais, avaient rédigé début décembre une lettre menaçant de ne pas envoyer leurs joueurs au Cameroun en raison des règles de quarantaine à leur retour.

Le patron du football mondial a également évoqué un possible télescopage avec la Coupe du Monde des clubs, la compétition organisée par la Fifa, prévue du 3 au 12 février, aux Émirats arabes unis.

Lors de la clôture de leurs travaux, la majorité des membres du comité exécutif de la CAF va voter contre le report de la compétition. Samuel Eto’o nouveau président de la Fécafoot (Fédération camerounaise de football) refusera aussi l’idée du report de la CAN qui doit se jouer dans son pays.

Derrières les « pseudos inquiétudes » de Gianni Infantino se cache en fait une volonté de faire main basse sur la compétition majeure africaine. Et dans sa nouvelle architecture du football mondial, il aimerait que le calendrier s’inverse avec une Coupe du monde tous les deux ans et une CAN tous les quatre ans. La suite s’annonce palpitante.

La Côte d’Ivoire et l’Afrique doivent défendre leur compétition majeure. Si le pays de Didier Drogba et Yaya Touré veut que celle-ci soit une parfaite réussite, elle doit se battre pour éviter d’organiser sa CAN de 2023 au mois de juin comme veut l’imposer la FIFA. En effet, à cette période, de fortes intempéries s’abattent régulièrement sur Abidjan la capitale économique, causant beaucoup de dégâts. En plus, cette importante ville de de la Côte d’Ivoire doit abriter deux poules.

Le combat s’annonce difficile. Mais il faut résister face à des « charognards » qui estiment que l’Afrique n’a pas droit au chapitre. Qu’ils peuvent décider à sa place. Il faudrait que les Africains soient solidaires et arrêtent des querelles de chiffonnier ou de clocher, afin de se concentrer sur le même combat car la CAN, notre CAN est en train de nous échapper. Il faut se réveiller.

Théophile Khumalo (Chroniqueur sportif)

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