Crise économique : La COVID-19 aura des conséquences plus importantes que le krach boursier de 1929

Voici plus de deux mois que la majeure partie des entreprises sont à l’arrêt. Les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration ou du tourisme sont les plus fortement impactés par cette crise économique majeure. Des entreprises comme Ryanair, Rolls Royce, Renault, Uber ou AirBnB ont dû recourir à des licenciements de masse. Hertz aux États-Unis et au Canada, a licencié des dizaines de milliers de salariés. Aux États-Unis, le taux de chômage a bondi à 14,7% en avril et pourrait atteindre le taux de 20% très rapidement. Pour rappel, il était de 3,6% en fin 2019 ! Il convient de rappeler qu’en 1929 le chômage était la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. L’ampleur de cette catastrophe est mondiale.

Une crise économique qui n’épargne pas le politique

Face à cette crise sans précédent, les pouvoirs publics ont dû prendre des mesures inédites. Jamais jusqu’ici il n’avait été question de contraindre une population à rester confinée, de limiter les déplacements à un rayon de 100km de son domicile, ni même devoir produire une autorisation de sortie. Autant de mesures qui ont radicalement changé notre façon de vivre. Les autorités politiques ont pris ces mesures fortes pour limiter la circulation du virus et le nombre de morts engendrés par cette pandémie. Mais dans l’esprit de beaucoup de Français, elles ont été discriminatoires, illogiques et certains estiment même qu’elles sont intervenues trop tard. Dès lors, les critiques ont commencé à fuser : les dirigeants politiques n’ont pas bien géré la lutte contre l’épidémie !

Plus d’inégalités et d’autoritarisme

Fermeture des frontières, confinement, mise en quarantaine, la pandémie a donné une excuse à ceux qui voulaient mettre en œuvre un protectionnisme accru. La libre circulation des biens a été entravée avec pour conséquence une peur grandissante du citoyen de manquer de l’essentiel. Peur qui a provoqué des images choquantes de confrontations dans les supermarchés ou de thésaurisation de biens de première nécessité.

Notons également que le pouvoir exécutif de nos pays s’est appuyé sur les recommandations d’un Conseil Scientifique, composé de personnalités spécialisées en épidémiologie. Le bien-être de la population dépasse pour la première fois dans l’Histoire moderne l’intérêt économique.

Chronique d’une récession annoncée

À ceux qui croient encore qu’une fois l’été passé, tout reviendra à la normale, il faut dire : vous vous méprenez. Tant qu’un vaccin ne sera pas trouvé, tant que le virus pourra muter pour engendrer une nouvelle souche chaque année, personne ne sera à l’abri du Covid-19. Par conséquent, le retour à la normale – si tant est qu’il devait y en avoir un – ne peut être objectivement envisagé avant plusieurs mois, voire quelques années. Pendant ce temps, nous allons devoir apprendre à vivre autrement, à se côtoyer autrement, à consommer autrement, à travailler autrement ; car ce qui nous attend fort probablement, c’est une longue récession, pire que celle que le monde a connu après la crise boursière de 1929.

Quand le politique prendra-t-il ses responsabilités ?

Alors que les premiers licenciements de masse ont démarré, dans le monde entier les politiques ne peuvent rien y changer, seul les populistes, les extrémistes peuvent en tirer profit.

C’est l’impression de l’immense majorité, que c’est dans les poulaillers d’acajou vantés par Alain Souchon (clin d’œil à l’auteur de Foule sentimentale), qu’on ne voit que des volatiles sans tête courir dans tous les sens, droit à leur déroute. La politique n’a aucune place, la crise n’est ni de gauche ni de droite, elle est sans appartenance politique. Le bouleversement que vivent les pays ne pourra se régler qu’avec un consensus européen si ce n’est international et des mesures révolutionnaires telles que l’ont été le new deal et le plan Marshall utilisés lors des grandes crises financières. L’agitation partisane ne peut profiter qu’aux extrémistes et populistes qui n’ont pas d’autres solutions efficaces que de profiter de ce malheur. On voit d’ailleurs surgir des personnages médiatiques qui n’ont aucune compétence ni aucune idée pour régler ce problème. Il est tant que les politiques comprennent cela et s’éloignent du chant des sirènes de tout bord qui ne représente aucun intérêt pour les citoyens.

Un signe d’espoir dans le brouillard

Si le monde s’apprête à vivre une dépression encore plus dramatique que celle des années 30, il faut néanmoins garder espoir. Le confinement aura certainement des côtés positifs : il nous aura rapproché les uns des autres. Il nous aura appris à travailler autrement. Il nous aura appris à chérir l’essentiel : notre vie n’est pas uniquement vouée à jouer un rôle économique dans la société.

Cette pandémie nous aura permis aussi de prendre conscience qu’il est en réalité indispensable d’être indépendant dans plusieurs domaines notamment : le plan de la fabrication des médicaments, des pièces détachées ou encore la gestion du stock de masques. Cette crise pourra permettre aux tats qui en auront retenu la leçon de recourir à des investissements plus intelligents qui pourront permettre une certaine autosuffisance sur les éléments essentiels que sont la santé, les médicaments et tous les produits essentiels à la vie d’un pays. Plus de sagesse, la crise nous oblige également à plus de réformes : une réforme du système, une réforme fiscale de grande ampleur, un abandon des dettes des pays les plus pauvres et un désendettement des citoyens.

Nous ne sommes à l’abri ni d’un prochain virus, ni d’une crise climatique de grande ampleur. Ces mesures drastiques sont un indispensable pour que cette fois-ci, nous soyons prêts.

À bon entendeur…

Thierry Rayer, Président du Cercle d’études Scientifiques et Paul-Loup Sulitzer

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