Covid-19 au Cameroun : inquiétante résurgence de la maladie

Depuis mardi 09 mars 2021, tous les passagers en provenance du Cameroun sont testés à l’aéroport Charles De Gaulle à Paris. Malgré la possession d’un test PCR négatif, ceux en provenance d’autres pays africains ne font plus de test antigénique. Officiellement il s’agit d’un «dépistage fait au pif ». Mais officieusement, c’est face à la résurgence de la maladie, du laisser aller qui prévaut au Cameroun et des remontées des tests effectués au niveau de l’institut Pasteur, que les autorités françaises ont mis en place ce nouveau dispositif. Parce que au pays de Roger Milla le respect du protocole sanitaire n’est plus la chose la mieux partagée. De plus le ministère de la santé ne communique pas assez sur le sujet. Exemple, au 18 février 2021, les responsables de la santé indiquaient 523 morts du Covid 19 pour 33759 cas positifs et au 25 du même mois 34714 cas positifs et 551 décès,  puis au 10 mars 2021, 36 794 cas positifs pour 576 décès. On voit bien que la maladie est en nette augmentation. C’est le lieu de préciser qu’il ya quelques jours, lors d’un dépistage général organisé par la délégation régionale du littoral dans une école de l’arrondissement de Douala VI (Douala capitale économique du Cameroun NDLR), l’on a enregistré 19 cas de Covid donc 10 élèves et 09 enseignants ayant contracté  la maladie. De même, le Sous-préfet de la localité de Penka Michel, dans la région de l’Ouest du Cameroun, s’est inquiété de la non observance, dans sa localité, des mesures barrières anti-covid 19 notamment le port du masque dans tous les lieux publics, le lavage des mains et l’utilisation du gel hydroalcoolique entre autre. À cette période, avec 45 cas positifs et 5 cas sévères, cet arrondissement était le plus touché de cette région.

Une deuxième vague dévastatrice due à la négligence

Dans la région du Nord-Ouest avec la crise socio-politique qui y sévit, pas moyen de suivre les populations face à cette maladie, l’on a enregistré près de 8 morts en une semaine. Il faut préciser pour le déplorer que le respect du protocole anti Covid 19 est dans un relâchement généralisé. Dans les églises bondées, pas de port du masque et absence de distanciation entre les fidèles. Autre exemple, à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé la capitale du Cameroun, l’on retrouve très souvent des mères d’enfants avec leurs bébés dans une pièce de moins de 10 mètres carrés, sans masques, sans gel hydroalcoolique, sans distanciation aucune. À l’extérieur de ces bâtiments pas de citernes et de savons pour le lavement des mains. Dans les transports en communs, taxis et bus inter-régionaux, le non port du masque est décrié. Et lorsqu’on pose la question aux usagers et chauffeurs la réponse est surprenante : «ici le Covid 19, on ne connait pas. C’est la maladie des Blancs. Nous disposons d’une pharmacopée africaine efficace pour venir à bout de cette pandémie ». Et de citer pêle-mêle Ekuk ( écorce d’un arbre du Cameroun), aloe vera, gingembre au citron et bien d’autres décoctions.

 Laxisme de l’administration

Précisons que l’administration camerounaise est à l’image du grand relâchement général observé au niveau de la population, que ce soit dans les ministères, les sous-préfectures, les mairies et autres délégations des ministères. Ici, les citernes pour le lavement des mains sont  souvent à sec, sans savons, le port du masque n’est pas légion. C’est le même constat qu’offrent les cabarets et les débits de boissons qui sont toujours ouverts les  week-end. Pourtant, lorsqu’on arrive à l’aéroport de Yaoundé, on donne l’impression à celui qui débarque que le pays applique les normes en la matière : avec prise de température, gel  hydroalcoolique, aspersion de liquide sur le bagage main et les chaussures.  Tout ceci n’étant qu’une illusion une fois sortie de cette enceinte.

Seulement, quelques structures  sortent du lot. Il en est ainsi des entreprises de téléphonie, des centres commerciaux qui ont encore le souci de la santé de leur clientèle. Il y a aussi quelques motos taxis qui respectent le port du masque même si leurs usagers ne le font pas souvent. Face à tous ces relâchements, l’on comprend bien la résurgence de la pandémie, d’autant plus que les autorités se sont ventées d’avoir reçu les félicitations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour avoir réussi à contenir la première vague du Covid-19. Ce qui a valu au Cameroun l’organisation du Chan 2020 (Championnat d’Afrique des Nations de Football). Il faut également relever que plusieurs concerts ont été organisés au mois de février 2021 au Cameroun, notamment celui du célèbre chanteur congolais Fally Ipupa, où les mesures barrières n’étaient pas respectées.

Charles Yaho

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