Chronique: Élections présidentielles à venir en Afrique : Terres du déshonneur ?

Depuis quelques temps, il y a comme des violences qui agitent le Landerneau politique d’Afrique de l’Ouest, les réseaux sociaux et surtout les rues de ces pays. Pour cause : Les populations s’agitent contre les gestions désastreuses de leurs pays et davantage encore contre les décisions prises par leurs chefs d’États de vouloir rempiler au cours d’élections présidentielles à venir. Ça chauffe donc en Guinée-Conakry, en Côte d’Ivoire et particulièrement au Mali où une grande partie de la jeunesse s’est levée, comme un seul homme, pour tout simplement chasser ses dirigeants incompétents, menteurs et corrompus. Malheureusement, ce dernier exemple malien ne parle pas suffisamment à l’ensemble de la jeunesse africaine qui a pourtant exactement les mêmes problèmes que les Maliens.  Probablement parce qu’elle ignore encore la vraie nature des hommes politiques, dirigeants comme aspirants à diriger.

La vraie nature des hommes politiques

Nous ne nous attarderons pas sur les girouettes politiques africaines qui s’illustrent généralement, sans aucune honte, dans leurs réguliers et spectaculaires retournements de vestes, et qui vous expliquent, sans cesse, allégrement, qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.  En revanche, nous parlerons beaucoup plus de certains dirigeants qui sont les symboles les plus représentatifs du rétropédalage. L’actuel Président ivoirien et candidat à sa propre succession, Alassane Dramane Ouattara, et celui de Guinée Conakry qui a déposé sa candidature pour un troisième mandat, sont est une parfaite illustration des dirigeants qui donnent le sentiment d’avoir le mensonge comme inscrit dans leur ADN. Il y a au Cameroun, un véritable monument de la politique, qui s’appelle Paul Biya, et dont la carrière pourrait servir d’étude de cas ou de sujet de thèse aux étudiants de sciences politiques. C’est l’homme au 1 million de promesses faites, mais pas toujours tenues, et cela dure depuis 38 ans. Et tous ceux qui aspirent à la magistrature suprême du Cameroun ont emprunté le même chemin : celui des promesses de gascons. La preuve : Ils ne sont même pas encore arrivés au sommet de l’Etat et donc, n’ont pas encore été confrontés aux réalités de l’exercice du pouvoir suprême,  qu’ils promettent déjà le paradis aux Camerounais. Mais le mensonge et les promesses de gascons ne sont pas les seules tares des hommes politiques. Comme dans une espèce de surréalisme politique, le plus grave c’est l’attitude de ceux qui les écoutent et croient en eux. Mais il y a encore pire. On en arrive à aimer certains, au point d’en faire des Dieux. Au Cameroun, par exemple, de nombreux ministres se plient en huit ou font des génuflexions, pour saluer Paul Biya, montrant ainsi à la face du monde que pour eux, le chef de l’État camerounais n’est, ni plus, ni moins, que Dieu, sur terre. Quant aux glorificateurs de ceux qui aspirent à diriger le Cameroun, les premiers ont fait des seconds, des dieux également, de véritables messies, des intouchables.

La vraie nature des hommes politiques

Henri Queuille, était un homme politique français, sous la troisième République. Il fut ministre des finances, ministre de l’intérieur et Secrétaire d’État plus de trente fois. Et lorsqu’il parlait politique, c’est un homme qui savait très exactement de quoi il parlait. C’est à lui qu’on avait prêté cette pépite de pensée : « En politique  les promesses n’engagent que ceux qui y croient ou les écoutent ». En clair, les hommes politiques sont des personnes qui ne tiennent presque jamais leurs paroles, ce qui en fait des personnes sans foi, ni loi, sans morale, sans honneur. Et ce sont eux, les vrais ennemis des Républiques. Seulement voilà, la majorité des Africains l’ignore encore. Et c’est Louis Antoine de Saint-Just, un homme politique de la révolution française qui nous le rappelait il y a bien longtemps. Il avait dit que : « Le peuple n’a qu’un seul ennemi, dangereux, c’est son gouvernement’’.  La jeunesse malienne, dans son immense majorité a donc saisi l’ampleur de la l’incurie gouvernementale, la gestion désastreuse du pays et les mensonges de ses dirigeants. Et en a profité pour chasser ces derniers du pouvoir, certes, de manière peu orthodoxe, mais au final, les roublards ont été chassés.

Cet exemple malien qui tarde à s’étendre

L’immense majorité de la jeunesse africaine ne suit pas encore cet exemple parce qu’elle  pense que leurs leaders politiques (dirigeants comme aspirants à diriger) sont leurs amis. Elle n’a pas encore compris que les hommes politiques ne sont pas les amis des peuples. Elle n’a pas encore compris, majoritairement, que les dirigeants ou aspirants à diriger les pays africains, notamment les ex colonies françaises, sont les membres d’une organisation qu’on appelle ‘’la Françafrique’’, l’un des plus grands « assassins » de l’Afrique francophone. Les Africains tardent toujours à comprendre que leur salut ne viendra pas de ces vrais ennemis de l’Afrique qu’ils élèvent au stade de messies, d’intouchables, voire de Dieux.  Que leur bonheur ne viendra jamais du temps qu’ils passent dans les réseaux sociaux à s’insulter, à se dénigrer, à se jalouser, à prôner des guerres interethniques et fratricides imbéciles. Elle n’arrive pas à comprendre que leur bonheur ne surviendra que lorsqu’ils s’attaqueront, eux-mêmes,  à leurs vrais problèmes, par exemple : comment trouver un remède contre le paludisme qui, dans le monde, tue annuellement plus de 400.000 personnes donc, 93% d’Africains au sud du Sahara ?

Et pour finir….

Et, aussi longtemps qu’ils ne le comprendront pas, ils seront toujours ‘’surpris’’ d’être majoritairement menés en bateau, de toujours se faire marcher dessus par ceux qu’ils ont eux-mêmes transformé en Seigneurs irrespectueux de la parole donnée, arrogants et pleins de mépris pour des peuples qu’ils assassinent tous les jours.

Alain Bengono

 

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