France : l’Association des anciens étudiants Congolais de Roumanie de l’Hexagone célèbre ses 15 ans d’âge

Ils étaient partis pour étudier. Ils ignoraient qu’ils allaient aussi créer une seconde famille ! Un bénéfice collatéral qu’ils étaient loin d’imaginer en quittant leur terre natale : le Congo-Brazzaville.

Cette histoire est celle des anciens étudiants congolais de Roumanie de France. Ces « transfuges » des anciens pays de l’Est, qui écrivent, à leur insu, probablement, l’une des plus belles pages de leur vie.

Il arrive parfois que d’un mal puisse jaillir un bien. Il en est ainsi de la tragique disparition, en France, au milieu des années 2000 d’une ancienne étudiante congolaise de Roumanie, dont le décès, engendra, indirectement cette entité. En effet, ce sont les difficultés logistiques et financières survenues lors de ses obsèques qui avaient créé le contexte.

Longtemps hésitante, cette communauté d’amis finira par sauter le pas d’une solidarité organisée, au travers d’un organe dédié. En février 2008, à l’issue d’une assemblée générale, tenue dans un hôtel parisien : l’Association des Anciens Etudiants Congolais de Roumanie de France, en sigle ASSOCREEF, vit le jour. L’idée était de reproduire en France, mutatis mutandis, le modèle qui leur avait permis de survivre en milieu « hostile », dans les économies dites administrées.

La solidarité pour tenir bon

Dans ces pays-là, en effet, le quotidien des étudiants était loin d’être rose : froid glacial, racisme, économie de pénurie, barrière de la langue, promiscuité de la vie en « camin ». Autant d’obstacles qui avaient jeté, avant l’heure, certains de ces étudiants sur les routes aventureuses de l’Occident. Les « camins », en roumain, désignent ces campus étudiants répartis sur l’ensemble des villes, selon les spécialités : agronomie, grazavesti, régie, lacul tei etc. Et lorsque la bourse qui était leur principale ressource venait à manquer, l’instinct de survie les sortait du bois : « toc- toc, ai si tu ceva de mincat ? Piîne sau cozonac ? Te rogà frumos… ». Traduit en Français : « toc- toc, aurais-tu quelque chose à manger ? Du pain ou de la brioche ? Je t’en plie ». Voilà l’une des nombreuses déclinaisons de « l’aide des pays amis », qui ponctuaient le quotidien de ces étudiants. Cette expérience, aussi dure fut-t-elle à vivre, forgea visiblement en leur esprit, la conviction associative.

C’est la raison pour laquelle, leur immersion en France, dans une société où prédomine l’individualisme, le chacun pour soi, rien n’y fit. Ils montèrent cette association de solidarité, où le sort de l’élément concerne l’ensemble et vice-versa. Le succès arriva vite. En un clin d’œil, l’ASSOCREEF devint le point de mire du microcosme associatif de France !

Soigneusement élevé en aquarium pendant quinze ans, le petit poisson devenu grand, éprouve un besoin d’ailleurs. Nantie d’une robuste trésorerie, essentiellement assise sur la contribution de ses membres, l’association nourrit de grandes ambitions. Elle aspire, par exemple, à activer désormais son pôle humanitaire, longtemps laissé en friche, faute de moyens.

Changement de paradigme souhaité

 

Créer des passerelles entre les générations, est l’autre pilier majeur de l’association. Un réseautage assumé, basé sur la force d’une histoire partagée, dont on espère qu’elle parviendrait à forger cet esprit de corps qui soude les frères d’arme. Comble de bonheur, le bataillon des cadres congolais formés en Roumanie est dense. Comble de malheur, l’ascenseur est en panne, donnant l’impression que ceux qui franchissent le mur font tomber l’échelle après eux, pour se constituer une rente de situation.

Un état d’esprit manifestement contraire au slogan de l’association, qui a érigé en crédo l’entraide : « main dans la main, ensemble plus forts ». Cette faiblesse structurelle a fini par jeter une ombre au tableau du sacré soutien mutuel. A moins qu’il ne s’agisse de l’aimable soutien de la corde au pendu !

Il faut espérer que la célébration en grande pompe du 15ème anniversaire puisse ouvrir une ère nouvelle, avec de nouvelles perspectives, couplées à de nouvelles valeurs.

Avec ses lambris, que la luxueuse salle du Palais 91, dans le département de l’Essonne, ait l’honneur de l’abriter, en ce 8 avril 2023, à partir de 20h 00, honore les règles de l’art événementiel.

 

 

 

 

 

 

Guy Francis TSIEHELA

Ancien étudiant congolais en Roumanie.

Ancien Président de l’ASSOCREEF (2014-2019)

Chroniqueur culturel

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