Origine de l’art et de l’architecture de la planète : le Maât Égyptien

Maât est un concept global qui a existé tout au long de la civilisation égyptienne ancienne. Cosmologiquement, Maât est le principe d’ordre qui définit la création de l’univers. Sur le plan religieux, Maât est une déesse représentant l’ordre ou l’équilibre. Enfin, sur le plan philosophique, Maât est un principe moral et éthique que tous les Égyptiens devaient incarner dans leurs actions quotidiennes envers la famille, la communauté, la nation, l’environnement et Dieu. Ce travail étend Maât au-delà des limites de la culture de l’Égypte ancienne. C’est également un outil analytique pour étudier les connaissances cosmologiques africaines classiques et la façon dont elles sont liées à l’expression culturelle. La conceptualisation du Maât en tant que fondement de l’univers apparaît dans la culture de l’Égypte ancienne comme base pour distinguer des modèles au sein du savoir africain classique. Ce modèle contient 10 caractéristiques ou dimensions : sacré, symbolique, visuel, fonctionnel, moral, oral, communautaire, rythmique, multidimensionnel et holistique.

Les prémices de l’écriture influencés par Maât

Maât représente le principe éthique et moral que chaque citoyen égyptien est censé suivre dans sa vie quotidienne. On attendait d’eux qu’ils agissent avec honneur et vérité dans les affaires qui concernent la famille, la communauté, la nation, l’environnement et les dieux. Selon la tradition africaine, la « Spirale » créatrice a engendré le monde dans un énorme vacarme (Big bang). Ce bruit premier est symbolisé comme le « Verbe » créateur. Puisque la création a été faite par le Verbe, tout ce qui existe étant le Verbe de Dieu, chaque élément vibre avec l’énergie donnée par le Créateur. Chaque élément peut être vocalisé. C’est ainsi que les Africains ont inventé l’écriture il y a 5400 ans, la première écriture de l’histoire, qui a donné naissance à presque tous les systèmes d’écriture du monde, y compris l’écriture latine avec laquelle nous écrivons cet article.

La musique et le chant célèbrent Maât

Comme nous l’avons vu, c’est le « Verbe » créateur qui est à l’origine de l’univers dans la mythologie africaine. Par conséquent, chanter signifie reproduire cet événement. Le chant a donc une dimension sacrée. Il est reproduit avec ordre, harmonie et rythme. C’est ce qui émane des chants africains et les danses qui les accompagnent sont là pour reproduire les mouvements de la création. Chant et danse évoluent donc en harmonie.

Maât : la Spirale créatrice dans l’architecture

Cette omniprésence des principes définis par Maât se retrouvent également dans les constructions africaines. Les cases que l’on peut trouver dans les villages adoptent toutes une forme ronde, telles l’œuf primordial pondu par Amon. Les murs des bâtiments sont fréquemment ornés de spirales. Par exemple, pour les Ashanti du Ghana, la spirale représente naissance et création. Les maisons Kotoko du Cameroun sont organisées en spirale : on les parcoure de l’entrée à la chambre à coucher des parents en suivant un parcours concentrique.

Les pyramides : concrétisation majeure des principes d’ordre et d’harmonie

Dernière des 7 merveilles du monde encore debout à notre époque, les pyramides de Gizeh sont la représentation ultime de cet ordre et de cette harmonie évoquée par Maât. La Grande Pyramide ou pyramide Khéops représente l’aboutissement de toutes les techniques architecturales de l’époque (vers 2560 av. J.-C.). En effet, elle reproduit à la perfection le fonctionnement de l’univers ou parole de Dieu au travers des mesures précises indiquant les distances entre centre de la Terre et pôles, la circonférence de la planète, la vitesse du son ou de la lumière, …

Maât comme outil d’analyse de l’universalité de l’art et de l’architecture

Utilisé comme outil analytique, Maât fournit des éléments pour comprendre la complexité de l’intellect humain au travers de ses réalisations artistiques ou architecturales et ce à travers le monde. Cette utilisation ouvre de nouvelles possibilités pour comprendre et explorer la connaissance universelle.

Maât ne représente pas une référence exhaustive quant à comprendre la cosmologie africaine, mais elle propose des clés de compréhension non seulement de cette culture, mais également de l’universalité de la culture. C’est un cadre théorique pour comprendre les intersections entre disciplines artistiques et scientifiques.

Thierry Rayer

Président du Cercle d’études Scientifiques Rayer

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