Culture: Malraux au premier Festival Mondial des Arts nègres à Dakar

Du 1er au 24 avril 1966, Dakar a accueilli le Premier Festival mondial des arts nègres. Cet événement d’envergure a été organisé par l’État sénégalais et la Société africaine de la culture, un réseau international structuré autour de la prestigieuse revue parisienne et soutenu par l’UNESCO. L’objectif était ambitieux : le festival souhaitait offrir un forum pour l’expression d’une nouvelle société aux prises avec les promesses d’indépendance en Afrique. Un large éventail de disciplines était représenté. De tout ce ferment culturel, nous avons l’exposition d’art contemporain intitulée « Tendances et confrontations ». Un catalogue a été publié mais non distribué. L’exposition est remarquable comme une première tentative de représentation panoramique de l’art africain contemporain. Le travail de plus de 200 artistes, 25 nationalités présentées. Des représentants d’une trentaine de pays africains indépendants se sont réunis à Dakar, et six pays avec une importante diaspora africaine étaient également représentés : Brésil, Haïti, France, Trinité-et-Tobago, Royaume-Uni et États-Unis. En trois semaines et demie, plus de 2500 artistes, musiciens, écrivains et hommes politiques se sont réunis à Dakar, parmi lesquels Aimé Césaire, Haïlé Sélassié, André Malraux, Michel Leiris, Langston Hughes, Duke Ellington, Josephine Baker et Wole Soyinka.

Tendances et Confrontations

Malgré l’importance qui y est attachée, l’art contemporain n’est pas mentionné dans les plans initiaux du festival discuté en 1963. À ce stade, deux expositions sont prévues: la première, « Sources de l’art africain » était conçue comme une exposition de « chefs-d’œuvre » empruntés à des collections privées et à des musées européens et américains. La seconde, « Tendances et confrontations » a été imaginée comme une exposition très différente de celle qui sera finalement réalisée sous ce titre : les organisateurs ont prévu une exposition dont le but aurait été d’évoquer la « place de l’art dans la vie de la communauté » et de souligner l’expression de l’art africain, avec l’art du Brésil et des Antilles, ainsi que les « influences de l’art africain sur la peinture, la sculpture et la musique contemporaines ». Ces deux axes seront finalement combinés au sein de « L’Art nègre ».

Le discours historique de Malraux

Malraux souligne d’abord que Les cultures africaines n’ont jamais existé isolément, il y a toujours eu des mouvements et des échanges d’idées. Et logiquement, l’art africain est dynamique et a changé de forme, de fonction et de sens au fil du temps. Les arts africains ont joué un rôle central dans leurs communautés, que ce soit pour communiquer la royauté, la sacralité, les vertus intérieures, la généalogie ou d’autres préoccupations.

Un point important soulevé dans son discours est le fait que l’art Africain a commencé à intéresser le monde seulement parce que Picasso l’avait évoqué. Les objets qui initialement avaient été considérés comme des artefacts de la culture matérielle, ont commencé à être exposés dans les musées et galeries d’art occidentaux comme de « l’art ». Les objets eux-mêmes n’avaient pas changé, mais il y avait un changement dans les attitudes et les hypothèses sur ce qui constituait une œuvre d’art.

Il nous parle aussi du côté unique et de l’aura intacte de l’art Africain, qui contrairement à l’art occidental n’a pas pour référence les normes gréco-romaines. C’est la nature même de l’art mondial qui est mise en cause par le génie africain. Elle accueille inévitablement le génie africain parmi les siens. Ainsi, en s’imposant lentement au monde entier, l’art Africain est entré de façon triomphale dans le domaine artistique de l’humanité.

Pour finir, Malraux soutient que les Africains devraient chercher à construire un avenir basé sur un présent qui avait moins à voir avec le passé. Utilisant la métaphore des cathédrales européennes et des masques africains pour illustrer son propos sur les gloires du passé qui restaient dans le passé, il a déclaré que les mondes merveilleux qui les ont engendrés étaient partis et ne pouvaient pas être recréés. Sa déclaration impliquait que les œuvres incarnaient les réalités de l’époque révolue de leur production. Malraux faisait également valoir un argument sur l’authenticité mais qui affirmait la vision téléologique de la modernité comme rupture radicale avec le passé.

Le festival de Dakar a été conçu pour être une illustration vivante de la Négritude. Cependant, il n’a pas abouti à une affirmation monolithique de la Négritude en tant qu’identité noire unificatrice. En ce sens, l’exposition n’a pas rempli sa mission et a peut-être été trop inclusive dans son organisation, mais elle a sans aucun doute constitué l’expression la plus profonde du rôle du festival comme forme de laboratoire dans lequel on pourrait interroger, défier, débattre et d’explorer plutôt que d’affirmer ou d’accepter passivement une identité / communauté noire globale et les manifestations artistiques et culturelles qui pourraient la représenter.

Les découvertes de l’interprétation de l’œuvre universelle de Constantin Brancusi par Thierry Rayer, chercheur en art et en histoire, font appel à la science, l’égyptologie, la création divine et s’appuient sur l’utilisation des procédés mathématiques universels et de la géométrie (Thalès, Pythagore, le nombre d’or, la suite de Fibonacci), permettant de rassembler toutes les grandes réalisations de l’Humanité. Elles sont une piste pour des études scientifiques rigoureuses des œuvres de tous ces artistes Africains anonymes du passé, car elles permettent de comprendre que l’art Africain est à l’origine de toutes les cultures de l’humanité.

Thierry Rayer Président d’honneur de l’association Malraux

Membre d’honneur des Amitiés internationales André Malraux

Président du Cercle d’études Scientifiques Rayer

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