vendredi 18 juillet 2025
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Nigeria: 20 soldats tombés sous les balles des bandits – L’État impuissant face à la routine sanglante

Dans l’ouest du Nigeria, une base militaire vient de subir l’assaut de gangs criminels. Bilan officiel : 17 morts. Bilan réel : au moins 20. L’armée pleure ses héros, pendant que les « bandits » signent un nouvel exploit dans leur carnage quotidien.

C’est un scénario tragiquement banal qui s’est rejoué cette semaine dans l’État du Niger, au Nigeria. Des gangs armés, ces entrepreneurs locaux de la terreur qu’on appelle pudiquement « bandits », ont offert une démonstration éclatante de leur savoir-faire : un raid sanglant contre une base militaire. Résultat selon l’AFP : au moins 20 soldats fauchés au front. L’armée nigériane, fidèle à son art consommé de la com’ minimale, a confirmé sur X (ex-Twitter) la mort de… 17 soldats. On appréciera la précision comptable dans l’horreur.

Ces braves soldats, envoyés en première ligne sans doute équipés de prières et de courage face à des adversaires surarmés, ont payé de leur vie l’illusion d’une sécurité retrouvée. Rendons-leur l’hommage qu’ils méritent : ce sont des héros anonymes sacrifiés sur l’autel de l’impuissance étatique. Pendant qu’ils tombaient, que faisaient donc les autorités ? Elles « condamnaient fermement » et promettaient, une fois de plus, une « réponse écrasante ». Le disque est rayé, mais le sang, lui, coule toujours frais.

L’État du Niger, comme tout le centre et le nord-ouest du pays, vit au rythme des kalachnikovs depuis des années. Les « bandits » y règnent en maîtres, transformant la région en leur terrain de jeu favori : pillages en règle, villages réduits en cendres, enlèvements à la chaîne contre rançon. Une activité florissante, merci pour eux. Leur business model ? Simple, efficace, et terriblement meurtrier. Pendant ce temps, l’État semble spécialisé dans la gestion… des communiqués de presse post-massacre.

Ironie suprême : ces mêmes gangs qui réduisent des régions entières à l’état de no man’s land continuent d’être qualifiés de simples « bandits ». Un terme presque folklorique qui masque mal leur nature : des milices terroristes structurées qui ridiculisent quotidiennement les forces de sécurité**. À quand un peu de sincérité dans le vocabulaire officiel ? Ou est-ce trop demander à des dirigeants qui semblent gérer ces crises en mode « déni contrôlé » ?

Aux familles des soldats tombés, nous adressons notre respect le plus profond. Leur sacrifice met en lumière, une fois de plus, le gouffre abyssal entre les discours sécuritaires grandiloquents d’Abuja et la réalité crue du terrain. Quand l’État échoue à protéger ses propres défenseurs, que reste-t-il aux citoyens ? La réponse est amère : la résignation, la peur, et le sentiment d’un abandon orchestré d’en haut.

Encore une fois, le Nigeria pleure ses soldats. Encore une fois, les promesses tonitruantes résonnent dans le vide. Et pendant ce temps, dans l’État du Niger, les « bandits » préparent probablement leur prochain coup. Business as usual.

 

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