Konkoun 2025 : Quand la culture San fait son show sous le couvre -feu
Alors que la province du Nyala vit au rythme des check-points militaires, la 4ᵉ édition du festival Konkoun s’apprête à défier les réalités sécuritaires avec un programme… réadapté. Du 6 au 8 juin, la culture San transformera Toma en capitale de la résistance festive, où masques ancestraux et protocoles anti-terroristes feront bon ménage.
Un festival sous haute protection (et haute pression)
Exit les nuits blanches : à Konkoun 2025, la lutte ancestrale se jouera à l’aube. Motif officiel : « Optimiser la luminosité naturelle et éviter les déplacements nocturnes risqués ». Les organisateurs promettent un spectacle « 100% énergétique » : les lutteurs affronteront leur adversaire… et le couvre-feu de 18h. Un chrono en main, le jury départagera les champions selon deux critères : la technique traditionnelle et la vitesse de repli vers un abri sécurisé.
Côté logistique, les innovations foisonnent : les flûtistes joueront des mélodies apaisantes pour l’âme et perturbantes pour les « drones ». le défilé de masques empruntera un parcours certifié « déminé par l’armée » (sous réserve de dernières minutes). Un service de navettes blindées remplacera les charrettes traditionnelles. « C’est moins folklo, mais on survit », glisse un organisateur sous couvert d’anonymat.
Le saviez-vous ?
La danse de la pluie a été rebaptisée « danse de la connexion 3G » en hommage au réseau capricieux de Toma. Un pas chassé = une tentative de réception.
À noter: Le traditionnel feu de joie est remplacé par une projection vidéo sur écran basse consommation. « On évite les flammes visibles de loin… et on préserve la forêt ! », précise le communiqué.
L’esprit Konkoun : résister dans le rythme
Malgré les ajustements, l’essence du festival demeure : célébrer la culture San comme un acte de résistance. Les organisateurs le martèlent : « Ici, chaque pas de danse est un défi à l’obscurantisme. Et chaque flûtiste qui joue mal est une arme psychologique contre les djihadistes mélomanes. »
Le chiffre: 100% des artistes locaux ont suivi une formation « gestes qui sauvent + détection d’engins explosifs ». Une première mondiale.
Konkoun 2025 n’est pas qu’un festival. C’est un manuel de survie culturel, où la tradition épouse les contraintes sans perdre son âme. Et si les masques ancestraux cachent désormais des visages tendus, les yeux, pétillent toujours. Preuve que l’humour et la fierté burkinabè restent les meilleurs boucliers.