Brice Clotaire Oligui Nguema au chevet des victimes des démolitions à Libreville : Une visite humaine et symbolique
Dans la nuit du dimanche 15 au lundi 16 juin 2025, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a effectué une visite inattendue sur les ruines des quartiers de Plaine-Orety et Derrière-l’Assemblée nationale, où des centaines de familles dorment désormais à la belle étoile après les opérations de démolition menées dans le cadre du projet du Boulevard de la Transition et de la future Cité administrative.
« Je suis venu voir, écouter et comprendre »
Accompagné d’une discrétion inhabituelle pour un chef d’État, Oligui Nguema s’est rendu sur place sans protocole, vêtu simplement, sans costume ni cravate, s’asseyant même près d’un feu de camp allumé par les sans-abri. Selon une source proche de la présidence, il a déclaré : « Je suis venu voir, écouter et comprendre », marquant ainsi une volonté affichée de proximité avec les victimes de cette opération controversée.
Cette démarche, aussi symbolique qu’inédite, contraste avec les critiques qui ont suivi les démolitions, accusées d’être menées sans solutions de relogement suffisantes. Les images diffusées par la présidence montrent un président à l’écoute, échangeant avec des familles en détresse, dans un geste qui cherche visiblement à apaiser les tensions et à humaniser une décision politique souvent perçue comme brutale.
Un projet qui divise : modernisation ou « urbanisme autoritaire » ?
Rappelons que ces démolitions s’inscrivent dans un vaste plan de restructuration urbaine, incluant la construction du Boulevard de la Transition et une Cité administrative, censés désengorger Libreville et moderniser la capitale. Pourtant, depuis le début des opérations le 2 juin dernier, le projet suscite incompréhensions et colères. Des familles entières, dont certaines affirment n’avoir reçu ni indemnisation ni préavis suffisant, se retrouvent sans toit, dormant parmi les gravats.
Le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de « corriger les erreurs du passé » en matière d’urbanisme et d’assainissement, affirmant que les indemnisations avaient été réglées depuis des années. Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe : des habitants dénoncent des expulsions précipitées, tandis que des voix politiques, comme celle du député Lionel Ella Engonga, réclament une enquête parlementaire pour éclaircir d’éventuelles violations des droits fondamentaux.
Une main tendue, mais des attentes concrètes
Si la visite nocturne du président a été saluée comme un geste d’empathie, elle ne suffira pas à calmer les inquiétudes. Les victimes attendent désormais des actes : relogements urgents, accès à l’eau et à l’électricité, et surtout, des réponses claires sur leur avenir.
En se rendant directement auprès des plus vulnérables, Brice Clotaire Oligui Nguema envoie un message fort : celui d’un dirigeant qui assume ses choix, mais qui reste accessible à son peuple. Reste à savoir si cette démarche se traduira par des solutions durables, ou si elle ne sera qu’un symbole éphémère dans un dossier toujours aussi explosif.