vendredi 26 décembre 2025
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En Guinée, la Cédéao fait son tour de piste avant le grand spectacle électoral

À quelques jours de la présidentielle du 28 décembre, monsieur Abdoulie Janneh, chef de la mission d’observation de la Cédéao, est arrivé à Conakry avec une mission cruciale : superviser le déploiement des observateurs chargés de veiller au bon déroulement de cette élection… La première depuis le petit « remaniement institutionnel » de septembre 2021 qui a gentiment raccompagné Alpha Condé vers la sortie.
 
Dès son arrivée, monsieur Janneh, en bon maître de cérémonie, a entamé une série de consultations avec les « principaux acteurs » du processus. Par acteurs, il faut entendre : les autorités en place, soigneusement choisies, puisque l’opposition historique, elle, a été priée de suivre le spectacle depuis les coulisses ou depuis l’étranger, pour ne pas gâcher la mise en scène.
 
Accompagné de ses collègues de l’UA, de l’OIF et de l’Union du Fleuve Mano – une belle brochette de diplomates en costard –, il a été reçu avec tous les honneurs par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Puis, visites de courtoisie au Premier président de la Cour suprême et au Premier ministre, le tout dans une harmonie parfaite, comme un ballet bien réglé avant le lever du rideau.
 
L’objectif officiel ? Harmoniser l’action des observateurs et recueillir les « appréciations des autorités ». Sinon s’assurer que tout le monde regarde dans la même direction et que le script soit bien respecté. Les missions internationales sont là, comme souvent, pour évaluer la « régularité », le « respect des normes démocratiques » et la « transparence ». Autant de mots qui sonnent doux, dans un contexte où l’inclusivité du scrutin est sujette à débat… mais chut, il ne faut pas froisser les organisateurs.
 
Sur la piste, neuf candidats ont été validés pour la course. En tête des favoris, le colonel Mamadi Doumbouya, chef de la transition, qui court en indépendant – un indépendant bien installé au palais. Face à lui, une galerie de prétendants dont les noms résonnent comme un inventaire à la Prévert : Baldé, Camara (seule femme en lice, pour la touche de diversité), Millimouno, Sylla, Kourouma, Nabé, Keita, Tounkara… De quoi donner le choix, ou du moins l’illusion du choix.
 
Le scrutin se déroule dans une atmosphère politiquement tendue, mais soigneusement cadrée. L’opposition traditionnelle ? Exclue ou en exil, elle suit les événements de loin, un peu comme ces invités dont on a « égaré » les cartons d’invitation. Une situation qui, il est vrai, alimente quelques discussions sur l’« inclusivité » de l’événement. Mais ne nous attardons pas sur ces détails : le spectacle doit continuer, et les observateurs internationaux sont là pour s’assurer que les applaudissements, au besoin, soient bien synchronisés.
 
Rendez-vous le 28 décembre pour la première représentation. Avec, en fond sonore, les habituelles recommandations et le traditionnel appel au calme. La démocratie, c’est comme le théâtre : ça se joue souvent dans les coulisses.

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