jeudi 17 juillet 2025
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Gabon: l’UDB en marche, une claque pour les transfuges du PDG ?

Le président gabonais Brice Oligui Nguema, ancien général porté au pouvoir par un coup d’État en août 2023 et élu en avril 2025 avec 94,85 % des voix pour un mandat de sept ans, a officiellement fondé son parti politique, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB)**, lors d’une assemblée générale constitutive tenue le 5 juillet 2025 au Palais des Sports de Libreville.

La Légitimité juridique assurée: Alors que l’article 82 du Code électoral gabonais interdit aux élus indépendants d’adhérer à un parti pendant leur mandat sous peine d’annulation de leur élection, la Cour constitutionnelle a validé en amont la création de l’UDB. Elle a estimé que l’interdiction visait exclusivement l’adhésion à des partis existants, et non la création d’une nouvelle formation. Oligui Nguema a présenté l’UDB comme un « levier de pluralisme démocratique renouvelé », rompant avec les pratiques du Parti Démocratique Gabonais PDG, au pouvoir pendant 56 ans sous les Bongo. Il a insisté sur sa volonté d’éviter « un parti électoraliste qui instrumentalise les élections », promettant des primaires internes pour désigner les candidats et affirmant que « le dernier mot reviendra à la base ».  L’UDB promeut l’ »inclusivité, le développement et la félicité », ambitionnant de « reconstruire le contrat social » après la chute de la dynastie Bongo.

L’assemblée constitutive a réuni des milliers de sympathisants, dont d’anciens caciques du régime déchu et des membres du gouvernement actuel. Ces ralliements massifs illustrent la recomposition de l’élite politique autour d’Oligui Nguema. Toutefois, les premières nominations au sein de l’UDB pourraient avoir  anéanti les espoirs de nombreux ex-PDG visant des postes clés. Le président a nommé Mays Mouissi au secrétariat général et désigné 10 vice-présidents représentant les gabonais de l’étranger, privilégiant des fidèles issus de son cercle plutôt que des figures de l’ancien régime. Un militant résume ce malaise : « Si on compte tous les cadres du PDG dans son parti, c’est un PDG bis ».

 L’UDB entend devenir la première force politique du pays lors des prochaines élections, avec l’ambition de contrôler le Parlement. Mais selon de nombreux observateurs,  la volonté affichée d’ »inclusivité » (intégrant femmes et jeunes) et de « justice sociale » devra concilier les aspirations au renouveau et les réalités d’une base composite, où cohabitent anciens opposants et héritiers de l’ère Bongo.  Cette refonte souligne ainsi l’ambiguïté de la transition gabonaise : un projet affiché de rupture institutionnelle, mais des pratiques politiques rappelant l’ère précédente, notamment dans la gestion des alliances et des nominations.

 

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