CI/ Présidentielle le PDCI -RDA marche ce mercredi pour Tidjane Thiam
Cocody pourrait vibrer ce mercredi aux couleurs de l’orange, mais pas seulement celles du coucher de soleil. Le PDCI-RDA, fraîchement amputé de son candidat présidentiel Tidjane Thiam par le ciseau de la commission électorale trop indépendante, a décidé de réagir avec ce qui se fait de mieux en période de crise démocratique : une marche nationale. Parce que rien ne dit « respect des institutions » comme un défilé pour contester… le travail des institutions.
La nouvelle est tombée comme un couperet : Tidjane Thiam, l’homme qui devait incarner le renouveau ou le retour, c’est selon, rayé de la course à la présidentielle d’octobre. La réaction du parti historique ? Organiser une « grande marche pacifique et républicaine ». Traduction : sortir les tee-shirts orange flambant neufs, gonfler les mégaphones et répéter des slogans bien sentis. Le tout dans le chic quartier de Cocody, histoire de montrer que la contestation, elle aussi, peut être huppée.
Un carnaval démocratique
Les observateurs les plus taquins ont noté l’efficacité organisationnelle. « C’est presque touchant », commente un badaud sous couvert d’anonymat. En moins de temps qu’il ne faut pour contester un recours devant le Conseil Constitutionnel, ils avaient déjà prévu les bouteilles d’eau et les parcours de sécurité. Si seulement ils avaient mis cette énergie à vérifier les dossiers de parrainage…Les militants, eux, semblent déterminés à faire de cette marche un succès… télévisuel. L’ironie suprême ? Marcher pour dénoncer l’impossibilité de… marcher vers les urnes avec leur champion.
Le spectacle avant le fond
L’annonce de la marche a bien sûr fait les délices des éditorialistes et des réseaux sociaux. « C’est la parade du désespoir chic », ironise un chroniqueur politique. « Ils défilent parce qu’ils ne peuvent plus défiler sur le bulletin de vote. » Certains se demandent si le véritable objectif n’était pas de rappeler, avant tout, que le PDCI-RDA existe encore et sait faire du bruit – même si c’est un bruit de protestation feutrée entre deux rond-points du Plateau.
La réponse des autorités : un Silence poli (et des barrières)
Côté pouvoir, on accueille encore l’annonce avec le calme olympien de ceux qui tiennent les rênes. Autorisation accordée (la démocratie à ses obligations), dispositif de sécurité déployé (on ne sait jamais), et sourire en coin bien caché. Le message implicite ? « Marchez, criez, dépensez-vous. Les listes, elles, sont figées. » Une maîtrise parfaite du « laissez-les donc s’exprimer, ça passera ».
Et maintenant ?
Tidjane Thiam, lui, est devenu le candidat fantôme, le martyr en costume trois pièces. Son ombre plane sur la marche. Son nom est sur toutes les banderoles, son sourire (un peu forcé) sur tous les tee-shirts. Reste à savoir si cette mobilisation orange se transformera en vague électorale ou… en simple flaque une fois l’émotion retombée et les biscuits distribués consommés.
La marche du PDCI-RDA aura au moins offert un spectacle : celui d’un grand parti jouant avec ferveur son rôle d’opposant, faute de pouvoir jouer au candidat. Une thérapie de groupe en plein air, sous le soleil d’Abidjan. En attendant octobre, et le grand final où, candidat ou pas candidat, il faudra bien que quelqu’un vote pour… quelqu’un d’autre. À moins que cette marche ne soit que le premier acte d’un feuilleton estival encore plus surprenant ? L’électeur, lui, regarde, sourit parfois, et attend la suite. Avec ou sans biscuits.