Tchad : Succès Masra en grève de la faim, dénonce une « détention injuste »
L’opposant tchadien Succès Masra a annoncé ce mardi entamer une grève de la faim, quarante jours après son arrestation. Dans une lettre lue solennellement au siège de son parti, Les Transformateurs, l’économiste dénonce une détention « injustifiée », qualifiant son incarcération de « silence imposé à la voix du peuple ».
Selon le communiqué rendu public, Masra conteste fermement les motifs de son arrestation, survenue dans un contexte politique tendu après les élections controversées de mai. Le gouvernement, pour sa part, n’a pas encore réagi à cette annonce. Rappelons que les autorités justifient généralement ces mesures par des « impératifs de stabilité nationale », un argument récurrent face aux critiques de l’opposition.
Un jeûne politique en forme de symbole
La grève de la faim, arme traditionnelle des sans-voix, prend ici une dimension théâtrale. Masra, habitué aux tribunes internationales et aux costumes impeccables, troque désormais le micro contre la diète forcée. Ironie du sort : celui qui nourrissait les espoirs d’alternance se retrouve à jeûner derrière les barreaux. Une métaphore involontaire des régimes africains où la faim – politique ou alimentaire – reste un outil de pouvoir redoutable.
Entre principes et pragmatisme
Si les soutiens de Masra y voient un acte de résistance héroïque (« Il offre son corps en sacrifice ! »), d’autres observateurs soulignent le calcul politique. Dans un pays où la prison n’a jamais fait reculer un leader ambitieux, la grève de la faim devient soudain un mégaphone médiatique. Reste à savoir si le gouvernement goûtera l’ironie d’un opposant qui réclame justice… le ventre vide.
À ce jour, aucune date de procès n’a été communiquée. En attendant, le menu de Masra se résume à un plat unique : du droit pénal tchadien, servi froid.
