samedi 14 juin 2025
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Malabo : Sommet de la CEEAC, Réforme Institutionnelle et Éléphant dans la Pièce (qui s’appelle Mbanié)

La capitale équato-guinéenne, Malabo, va bientôt se parer de ses plus beaux atours pour accueillir la 26ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de l’Afrique Centrale (CEEAC), une messe prévue le 07 juin prochain. Au menu officiel : une épineuse réforme institutionnelle de l’organisation. Un sujet aussi passionnant qu’un manuel de procédure administrative, mais ô combien nécessaire. Les grands de la région seront là : Obiang Nguema (Guinée Équatoriale, l’hôte), Mahamat Déby (Tchad), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Paul Biya (Cameroun), certaine-ment,  et… Brice Clotaire  Oligui Nguema (Gabon). Tous réunis pour parler structures, processus, et peut-être… d’un tout petit caillou dans la chaussure régionale ?

Le Timing, un Maître de l’Humour (Noir) : 

Car voilà la coïncidence qui ne manque pas de sel, ou plutôt d’eau salée. À peine quelques semaines après que la Cour Internationale de Justice (CIJ) ait claqué le point final d’un marathon judiciaire vieux de 50 ans en attribuant l’île de Mbanié à la Guinée Équatoriale, au détriment du Gabon, voilà les principaux concernés qui se retrouvent autour de la même table, sous le même toit… à Malabo, justement. Le Président Oligui Nguema (Gabon)  va donc se rendre dans la capitale du pays qui vient de rafler la mise territoriale.

La Réforme vs L’Éléphant dans le Salon (ou la Mer) : 

Officiellement, point de Mbanié à l’agenda. On parle sérieusement de « renforcement des capacités opérationnelles », de « mécanismes de financement durables » et autres douceurs technocratiques. Le genre de sujet où les regards peuvent vaguement errer vers les plafonds sans éveiller trop de soupçons. Mais entre deux points sur la gouvernance, comment ne pas guetter du coin de l’œil les interactions entre les deux Nguema (non, ils ne sont pas frères, mais la région adore les patronymes récurrents) ? Une poignée de main un peu trop ferme ? Un sourire un peu trop crispé ? Un aparté feutré près du buffet de crevettes ?

La Question qui fronce les Sourcils (et amuse les Observateurs) :

La CEEAC va-t-elle jouer les grandes sœurs et forcer Libreville et Malabo à un « règlement fraternel » autour d’un thé bilingue ? Où va-t-elle soigneusement contourner l’épineux sujet comme on évite une flaque après la pluie, de peur de se mouiller les pantalons de costume ? Les options sont savoureuses :

 »L’Option « Bisous-Bisous Forcé » 

Le médiateur régional est désigné dans la plus pure tradition africaine de la conciliation. On sort la métaphore de la « famille africaine », on parle d’intégration, et on pousse gentiment les deux parties vers une déclaration commune aussi vague que consensuelle (« Travaillons ensemble pour une exploitation pacifique et mutuellement bénéfique des ressources… hum… environnantes »

L’Option « Autruche Diplomatique » : 

On fait comme si de rien n’était. Mbanié ? Connaît pas. Le sommet est une réussite malgré l’absence totale de mention du gros caillou qui flotte là-bas. Les communiqués officiels brillent par leur maîtrise de l’art de ne surtout rien dire d’utile sur le sujet qui fâche. Une performance d’équilibriste digne des plus grandes chancelleries.

L’Option « Sous-Entendu Élégant » :

Le Président Obiang, en maître de maison et tout frais vainqueur, glisse dans son discours d’ouverture une allusion subtile à « l’importance du respect du droit international et des décisions des instances juridiques suprêmes pour la stabilité régionale ». Le Général Oligui, quant à lui, pourrait souligner « l’esprit de fraternité qui doit transcender les défis passés ». Un jeu de duellistes en costard-cravate.

Ce sommet de la CEEAC promet donc bien plus qu’un simple lifting institutionnel. Il offre un fascinant théâtre des relations internationales en temps réel. Va-t-on assister à une réconciliation de façade, à un froid poli, ou à un coup de théâtre ? Les chefs d’État sont réputés pour leur maîtrise du poker face.

Mais entre la réforme de la CEEAC et le fantôme de Mbanié qui planera sur les discussions informelles les observateurs attendent surtout de voir si les sourires des photos officielles arriveront à masquer les éventuels grincements de dents. Une chose est sûre : à Malabo, le sujet brûlant n’est pas seulement la réforme, c’est aussi l’art délicat de dîner avec celui qui vient de vous prendre votre île. Bon appétit, Messieurs les Présidents !

 

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