Julien Kande Kansou face à la justice : Une « révolution électorale » jugée à la Criet
L’écrivain et opposant a comparu pour la première fois ce mardi 1er juillet devant la cour spéciale, accusé de « harcèlement électronique » et de « fausses nouvelles » après une publication sur les réseaux. Entre autodérision et procédure, l’audience s’est révélée riche en rebondissements.
C’est désormais dans le box de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) que Julien Kande Kansou, écrivain et militant des Démocrates, fait entendre sa plume. Inculpé depuis le 12 juin pour des publications sur les réseaux sociaux qualifiées de « harcèlement électronique » et de « publication de fausses nouvelles », l’opposant a connu sa première audience ce mardi. Sous l’œil de ses trois avocats, il a dû justifier ses écrits devant les juges, qui ont immédiatement ouvert les débats.
Face à la cour, Kande Kansou a opté pour la clarté – ou l’art du sous-entendu assumé. Sa fameuse « révolution électorale », présentée comme un appel à la mobilisation pour éviter un nouveau taux de participation historique (38% en 2023), serait donc un crime ? Quant au « détenteur de monopole » évoqué dans ses publications, l’écrivain botte en touche avec une élégance désarmante : « Je n’ai nommé personne. Si quelqu’un se sent visé, qu’il se manifeste : je suis prêt à lui présenter des excuses ». Une offre de dialogue… restée sans volontaire pour l’instant.
L’audience a pris un tour plus vif lorsque l’accusé, jouant les Candide, a osé interroger la cour : « Qui me poursuit ? ». Réponse cinglante et sans appel : « Vous êtes ici pour répondre, pas pour poser des questions ». Fin de la récréation.
Le procès prendra son temps. Malgré une défense prête à plaider, la cour a décidé de reporter les débats au 14 octobre 2025, estimant nécessaire de poursuivre l’instruction. Une décision qui a eu raison du calme de l’épouse du prévenu : à la vue de son mari reconduit par la garde pénitentiaire vers la prison civile de Ouidah, elle a fondu en larmes. Un moment d’émotion brute dans un dossier où les mots sont soigneusement pesés au gramme près.