jeudi 17 juillet 2025
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Tunisie : Troisième condamnation pour Sonia Dahmani, ou Comment le Régime Enterre les Voix Critiques… Sous les Peines de Prison

Alors que la justice tunisienne s’illustre par son zèle répressif, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani écope d’une troisième peine de prison ferme. Son crime ? Avoir osé dénoncer le racisme d’État et les délires conspirationnistes du président Saïed. Un « acharnement carcéral » qui devient méthode de gouvernance.

La mécanique judiciaire tunisienne tourne à plein régime contre ses dissidents. Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse de 60 ans, voix acérée contre l’autocratie du président Kaïs Saïed, vient de gagner sa troisième peine de prison ferme ce lundi 30 juin. Deux années supplémentaires derrière les barreaux, s’ajoutant à un an déjà purgé. Son dossier judiciaire s’épaissit aussi vite que les libertés s’amenuisent : huit mois, puis dix-huit mois, et désormais deux ans. Une progression mathématique implacable pour celle qui a le tort de déranger.

Son délit ? Avoir pointé du doigt le racisme anti-noir qui gangrène certaines régions de Tunisie et – crime de lèse-majesté suprême – avoir critiqué un discours présidentiel des plus édifiants. Rappelez-vous : en 2023, Saïed dénonçait l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens illégaux »* participant à un « complot » visant à altérer la « composition démographique » du pays. Des propos qui firent immédiatement le lit de violences xénophobes… et que Dahmani a eu l’outrecuidance de qualifier pour ce qu’ils sont.

L’arme juridique favorite du régime ? Le fameux décret-loi 54 de 2022 sur les « fausses nouvelles », un fourre-tout répressif dénoncé par les défenseurs des droits pour son flou artistique. Traduction : toute critique gênante peut y être assimilée. Un outil parfait pour museler, étouffer, faire taire.

Une persécution en règle

Arrestation brutale par des policiers masqués en mai 2024. Plus d’un an d’incarcération préventive. Trois condamnations en cascade. Ses avocats dénoncent un « acharnement » judiciaire. Le terme est faible : c’est une stratégie. Chaque nouveau procès, chaque peine alourdie, envoie un message glaçant à toute velléité de critique : « Regardez ce qui l’attend. Taisez-vous. »

Le régime de Saïed, qui s’est octroyé les pleins pouvoirs en 2021, démontre ainsi sa conception de la justice : une chambre d’enregistrement des obsessions sécuritaires et racistes du pouvoir, transformant les prisons en silos à opposants. Sonia Dahmani n’est pas jugée pour des faits, mais pour son refus de se soumettre au récit officiel. Sa cellule est devenue le symbole étroit de la Tunisie d’aujourd’hui.

 

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