dimanche 19 octobre 2025
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Les plages gabonaises, pièges mortels : pourquoi les noyades persistent-elles ?

Neuf vies emportées lors des dernières grandes marées d’équinoxe à Libreville. Un drame récurrent qui souligne l’urgence d’agir face à l’hécatombe silencieuse sur les  côtes. Malgré les promesses, le manque criant de surveillance transforme les lieux de détente en zones à haut risque. Une situation d’avantage plus préoccupante en cette période de grandes vacances connue pour son pic de fréquentation d’enfants sur les plages. Reportage 

La carence des pouvoirs publics saute aux yeux des usagers. Laure Dougandaga, promeneuse, lance un constat accablant sur ce désengagement fatal « Le rôle de la police des plages consistait à prévenir les noyades. Et si elle n’est plus là, il y aura donc plus de noyades« , s’inquiète-t-elle

Ce vide sécuritaire n’est pourtant qu’une partie du problème. Elsy Mahinza, autre habituée des lieux, pointe une double faille dans notre approche de prévention : « Je crois qu’il y a deux facteurs à prendre en compte. D’abord que beaucoup ne savent pas nager et prennent quand même le risque au péril de leur vie, ensuite le fait qu’il n’y ait pas de sécurité autour des plages. »

Même les nageurs aguerris sentent le danger. Issa Melole,

©Afrikinternews

baigneur, dénonce l’inconscience d’une politique qui abandonne les plus vulnérables : »Je n’ai pas trop peur parce que je sais nager… mais imaginez ceux qui ne savent pas ! Il faudrait absolument déployer les gardes-côtes sur les plages. »

Les dispositifs annoncés restent trop souvent lettre morte. Jérémie Nguema, témoin d’années de négligence, rappelle l’échec des initiatives passées

« Il y a deux à trois ans, beaucoup de noyades sur la plage du lycée Mba. Le gouvernement avait mis un poste de police ici… mais les patrouilles n’ont pas suivi. »

Cette incurie décourage jusqu’aux visiteurs étrangers. Nesrine El Midioni, touriste marocaine, résume par son évitement l’impact désastreux de cette insécurité : « J’ai pas vécu beaucoup d’expériences ici. Mais je préfère éviter : s’il n’y a pas de surveillance, forcément il y aura des accidents. »

  La leçon est claire : absence de sauveteurs  plages non surveillées  baigneurs non formés-tragédies annoncées. Alors que le ministère de l’Intérieur compte les corps, la société civile exige des actes : formation urgente des secouristes, miradors opérationnels, et patrouilles permanentes. Sans réponse immédiate, les vagues continueront de rendre des cadavres. L’État tiendra-t-il enfin sa promesse de sécurité ?

 

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