Guinée Equatoriale: le grand manitou de la Sécurité fait son show dans les casernes délabrées
Son Excellence Nguema Obiang Mangue, Vice-président chargé de la Défense et accessoirement de la Sécurité de l’État, a daigné honorer vendredi les glorieux bataillons de Mibang et Akam. Objectif officiel : « évaluer les conditions opérationnelles ». Objectif réel : rappeler à l’armée qui paie les factures (en théorie).
Accueilli avec les honneurs militaires d’usage pour un VIP, salut aux drapeaux et remise de dossiers de réclamations, le héros du jour a écouté le chef de bataillon égrener son inventaire à la Prévert : zones de repos « optimisables » (lits cassés ?), tentes dignes d’un camp de réfugiés des années 90, groupe électrogène en mode décoratif et véhicules fantômes pour les postes militaires (« La marche à pied, c’est bon pour le moral ! »)
Mêmes protocoles, mêmes doléances. À Akam, le spectacle fut le même: pénurie de matériel pour les « aires de repos » – comprenez : pas assez de hamacs pour la sieste stratégique. Le Vice-président, visiblement ému par tant d’austérité, a promis d’en référer à l’État-Major (« Faites-moi un PowerPoint urgent, les gars ! »).
Pour justifier le budget, les troupes ont exécuté des exercices sous l’œil bienveillant du patron. Verdict : « Pas mal… mais entraînez-vous plus ! » Sinon « la prochaine fois, mettez du piment dans le spectacle, on a des investisseurs à impressionner. »
En quittant Akam, une foule spontanée de villageois reconnaissants a acclamé le héros National. Preuve que l’installation du bataillon outre son rôle décoratif renforce miraculeusement la sécurité locale.
Ce roadshow militaire s’inscrit dans le « Plan de Modernisation » personnel de S.E. Obiang Mangue, un projet phare qui promet monts et merveilles (véhicules, infrastructures), met en scène la sollicitude du pouvoir (« Voyez comme je vous écoute ! ») et garantit une couverture médiatique impeccable … Le tout pour la modique somme de quelques promesses urgentes à l’État-Major. Grâce à ces inspections historiques, l’armée équato-guinéenne peut désormais dormir sur ses deux oreilles… quand elle aura des tentes étanches.