Gabon : les victimes de 2016 réclament vérité et réparations face aux lenteurs du pouvoir
Le vent de la cinquième République souffle sur le Gabon depuis mai 2024, mais les stigmates des violences post-électorales de 2009 et 2016, eux, résistent à l’oubli.
Réunis en collectif ce mardi, des victimes ont lancé un avertissement cinglant au nouveau pouvoir : « L’impunité n’est pas une option »
Dénonçant de l’exil récent d’Ali Bongo qu’ils désignent comme l’instigateur des répressions, Cyrille Lemboumbou, César Mavioga, Joël Mapangou et d’autres ont rompu le silence. Leurs mots ? « Ces violences politiques restent gravées dans nos mémoires meurtries, une blessure ouverte pour des centaines de familles ».
Pourtant, l’espoir était né le 30 août 2023 avec la chute de l’ancien régime. Mais la promesse du président actuel de créer une Commission Vérité, Justice et Réparations (CVJR) s’englue dans les sables mouvants de l’attente.
« Le temps file, l’amertume grandit », assènent-ils, dénonçant un « sentiment d’abandon » exacerbé par le départ discutable de Bongo.
Leur ultimatum est sans équivoque : « Nous exigeons une date publique pour le lancement de cette commission ! Votre parole engage la paix nationale. »
Dans un coup de griffe inattendu, les victimes ont aussi taclé la société civile : « Arrêtez de parler en notre nom ! », lancent-ils à ceux qu’ils accusent de les « balloter ». Un double message adressé aux nouveaux maîtres de Libreville et à leurs alliés potentiels.
La balle est désormais dans le camp du pouvoir. Tourner la page des années sanglantes ? Cela passe désormais par des actes. Et vite!