États-Unis : Donald Trump ressuscite le « travel ban »
Le Président américain a signé le 4 juin dernier, avec la solennité d’un mage décrétant l’exil des forces obscures, un décret interdisant l’entrée aux États-Unis des citoyens d’une douzaine de pays triés sur le volet (liste validée par une mystérieuse boule de cristal). Ceci à compter du 9 juin 2025. Il s’agit de l’Afghanistan, Haïti, le Yémen, la Birmanie, le Congo-Brazzaville, l’Iran, le Tchad, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, la Libye, la Somalie et le Soudan – des destinations manifestement trop exotiques pour le goût américain. Donald Trump renoue ainsi tendrement avec sa politique du « travel ban », ce doux souvenir de son premier mandat, comme on ressort un vieux pull raciste du placard. D’après lui, les ressortissants des pays cités représentent un péril imminent pour les États-Unis, notamment via leur capacité supposée à troubler l’ordre en… laissant expirer leur titre de séjour. Son administration a d’ailleurs souligné, horrifiée, que certains osent vivre sur le territoire américain après la date de péremption de leurs papiers – scandale typiquement étranger.
De notre correspondant à Paris ; Martin Mbita
« Je dois protéger la sécurité nationale et l’intérêt des États-Unis et de son peuple », a déclaré le Président américain à la presse, un drapeau claquant derrière lui comme dans une pub de lessive patriotique. Pour étayer sa décision visionnaire, Trump a convoqué l’exemple édifiant de l’auteur de l’attaque de Boulder dans le Colorado : un Égyptien (pays miraculeusement absent de la liste, preuve d’impartialité) qui lança des engins incendiaires sur une marche pacifique. « Regardez ! Un type d’Égypte ! Donc interdisons… la Somalie ! », a-t-il expliqué dans un syllogisme éblouissant. La Maison Blanche, gênée par ce détail géographique fâcheux, a promis de « réévaluer » l’attribution de visas aux Égyptiens – après tout, pourquoi laisser passer ces fauteurs de troubles alors qu’on peut simplement bannir leurs voisins ?
Sept autres pays sont gracieusement autorisés à subir des *restrictions partielles* d’entrée (une sorte de « travel ban light »). Il s’agit de Cuba, Burundi, Laos, Sierra Leone, Togo, Turkménistan, Venezuela – histoire de prouver que la mesure n’est *vraiment pas* raciale, voyons.
L’administration américaine a néanmoins prévu des exceptions pour les détenteurs de visas spéciaux et les personnes dont le voyage « sert l’intérêt national » (c’est-à-dire : les milliardaires, les lobbyistes du pétrole, et quiconque sait épeler « Mar-a-Lago »).
Les footballeurs participant à la Coupe du monde 2026 et les athlètes des JO 2028 de Los Angeles sont exemptés : le show business et l’argent n’ont pas de patrie, et Trump sait où se trouve son électorat.