jeudi 17 juillet 2025
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Conflit Israël-Iran : L’Afrique, otage économique d’un bras de fer qui la dépasse ? 

Bonjour l’Afrique ! Alors qu’on vous parle développement, dette et transition verte, voilà que deux poids lourds du Proche-Orient, Israël et l’Iran, jouent aux cow-boys avec des missiles. La question qui brûle : « Doit-on, nous Africains, serrer les fesses pour nos économies déjà chancelantes ? » Oui, mais pas seulement à cause d’eux. Et c’est là toute l’arnaque.

Chronique économique 

Le Canal de Suez, ce point G de l’économie mondiale (et africaine)

L’enjeu immédiat : Si le conflit dégénère sérieusement, adieu la navigation paisible dans le Golfe Persique et le détroit d’Ormuz (30% du pétrole maritime mondial) et bonjour aux risques accrus en Mer Rouge (déjà chahutée par les Houthis, soutenus par Téhéran). Conséquence directe ? Le Canal de Suez devient un goulet d’étranglement encore plus risqué et coûteux.  L’Afrique importe massivement (nourriture, médicaments, énergie, biens manufacturés) et exporte (pétrole, minerais, produits agricoles) via cette artère vitale. Des frais d’assurance qui explosent, des délais qui s’allongent, des coûts de transport en flèche = inflation importée garantie sur vos marchés locaux.Votre sac de riz ou votre bidon d’huile ? Ils vont vous coûter (encore plus) cher. Merci qui ?

Le pétrole : La fièvre monte, l’Afrique trinque (injustement)

La peur fait flamber les cours : Pas besoin d’une guerre totale. La simple menace persistante sur les installations pétrolières ou les voies maritimes suffit à faire paniquer les marchés. Le baril à 90, 100, 110 dollars ? C’est la crainte immédiate.

Double Peine pour l’Afrique :

Pays importateurs nets (la majorité !) : Sénégal, Côte d’Ivoire, Kenya… Vous allez saigner. Subventions énergétiques intenables, factures d’importation qui plombent les réserves de change, inflation qui ronge le pouvoir d’achat. Vos budgets sociaux ? Réduits en charpie.

Pays exportateurs (Gabon  Nigeria, Angola, Algérie…) : Oui, ils encaissent plus de devises. MAIS (parce qu’il y a toujours un « mais ») : l’instabilité mondiale refroidit les investisseurs, la volatilité des cours rend la planification impossible, et la flambée des prix domestique du carburant peut provoquer… des émeutes (on a déjà donné). Bref, personne n’y gagne vraiment à long terme.

 Inflation Globale : La cerise empoisonnée sur un gâteau déjà pourri

L’effet boule de neige : Pétrole cher + Transport cher = Tout devient plus cher. Partout. Les banques centrales (surtout la Fed américaine), déjà en lutte contre l’inflation post-Covid/Ukraine, pourraient être tentées de garder les taux d’intérêt élevés …plus longtemps.

L’étau se resserre sur l’Afrique :

Le service de la dette (souvent libellée en dollars) risque de devenir  un cauchemar. Les créanciers privés pourraient bien  se frotter les mains, les États africains étouffent. L’argent cher fuit les marchés « risqués ». Les projets d’infrastructures, les investissements dans le renouvelable ? Mis en pause. Dans un tel contexte de crise mondiale, les budgets des pays donateurs sont sous tension (inflation chez eux + autres crises). L’aide au développement ? Pas la priorité du moment.

Sécurité alimentaire : le retour du spectre

La Russie (proche de l’Iran) et la Biélorussie sont des géants des engrais. Les sanctions et les perturbations des chaînes logistiques liées au conflit pourraient faire flamber les prix encore plus, rendant la production agricole africaine moins compétitive et moins abondante. La région du Moyen-Orient est un gros importateur. Si les prix mondiaux s’emballent à nouveau (comme après l’invasion de l’Ukraine), l’Afrique, dépendante des importations, trinque encore. Les émeutes de la faim ne sont pas une vue de l’esprit.

Les enjeux mondiaux cachés (ou Pas) : Le grand jeu des puissances

Les États-Unis : Englués dans un bras de fer avec l’Iran, ils veulent éviter une flambée des prix du pétrole (mauvais pour l’économie US et Biden avant les élections) tout en soutenant Israël coûte que coûte. L’Afrique ? Un dommage collatéral dans leur calcul géostratégique.

La Chine : Premier importateur mondial de pétrole, elle prie pour la stabilité. Ses énormes investissements en Afrique (notamment via les « Nouvelles Routes de la Soie ») sont menacés par l’instabilité et la hausse des coûts. Pékin va pousser à la désescalade, mais son influence sur Téhéran a des limites.

L’Europe : Pris en étau entre son soutien à Israël, sa peur de l’Iran, sa dépendance énergétique et sa crainte d’une nouvelle vague migratoire si l’Afrique s’effondre. Un équilibre impossible. L’Afrique subira les contrecoups de son impuissance.

L’Afrique, pas juste un ring secondaire, mais une victime collatérale programmée

Redouter des conséquences économiques ? Absolument. Un conflit durable Israël-Iran serait un choc systémique majeur pour une économie mondiale déjà fragile. L’Afrique, avec ses économies vulnérables, sa dépendance aux importations et aux matières premières, et sa marge de manœuvre budgétaire limitée, serait en première ligne pour encaisser le choc.

Le vrai scandale ? C’est que l’économie africaine est une fois de plus à la merci de tensions qui la dépassent complètement. Les décisions se prennent à Téhéran, Tel-Aviv, Washington, sans le moindre égard pour Libreville, Yaoundé, Dakar, Lagos ou Nairobi. Les enjeux sont mondiaux (sécurité énergétique, stabilité financière, contrôle des voies maritimes), mais les conséquences seront localement dévastatrices en Afrique.

La seule lueur d’espoir (mais si, mais si) ? Cela pourrait forcer une accélération des stratégies de résilience : diversification des sources d’énergie (renouvelables, oui !), renforcement de l’intégration régionale et des échanges intra-africains, investissement dans l’agriculture locale et les engrais « maison ». Parce qu’au final, la meilleure façon de ne pas trembler pour les conflits des autres, c’est encore de dépendre moins d’eux.

Analyse signée : Un observateur fatigué des mêmes crises qui frappent toujours les mêmes, mais qui croit encore (un peu) à la capacité de l’Afrique à se réinventer malgré l’adversité.  (Sources incontournables consultées et intégrées : FMI, Banque Mondiale, OMC, AIE, CNUCED, rapports divers sur la sécurité maritime et la sécurité alimentaire)

 

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