Centrafrique : Les examens reprennent, l’ombre de Boganda plane toujours
Bangui, sous le choc. Deux semaines après la tragédie qui a transformé le lycée Barthélémy Boganda en théâtre d’horreur, le ministère de l’Éducation dévoile, presque mécaniquement, son calendrier de reprise des examens. Le 25 juin, l’explosion d’un transformateur de l’Enerca, un incident devenu synonyme de chaos mortel a fauché une vingtaine de jeunes vies et blessé plus de 260 autres, pris dans une bousculade apocalyptique. Une plaie ouverte dans la mémoire collective.
Pourtant, la machine administrative tourne. Sous l’œil anxieux de parents hantés par l’image de leurs enfants piétinés, les rescapés, portant un traumatisme invisible aussi lourd que leurs manuels, sont sommés de reprendre les révisions. Une « normalisation » aussi nécessaire qu’insoutenable, tandis que les familles réclament, en vain pour l’instant, une véritable prise de responsabilité étatique.
Le gouvernement, lui, affiche un protocole rassurant : exit Boganda, devenu lieu maudit. Place à deux centres « délocalisés » (comme si le simple déplacement géographique suffisait à exorciser la peur). « Les épreuves se tiendront au lycée technique (centre n°1) et à l’école Assana (centre n°2) », annonce le ministre Aurélien Simplice Zingas. Comme si changer d’adresse effaçait le spectre de l’explosion et de la panique meurtrière.
Rendez-vous est donc pris pour le 14 juillet. Une date symbolique, où la Centrafrique tentera de faire passer ses examens nationaux sous haute tension psychologique, dans un pays où l’électricité – physique et morale – reste désespérément fragile.