CAN 2025 : Les Lions ronronnent, les Panthères font la sieste – Libreville maîtrise l’art de la défaite distinguée
Pour le premier grand choc du Groupe F, aussi passionnant qu’un documentaire sur la croissance de l’herbe, le Cameroun a gentiment offert au Gabon une leçon de football… ou du moins, une leçon sur comment marquer un but à la 6ᵉ minute puis observer son adversaire chercher le ballon pendant 84 minutes. Malgré la présence miraculeuse de Pierre-Emerick Aubameyang – dont la performance a été aussi discrète qu’un fantôme en baskets –, les Panthères ont brillamment évité de troubler le gardien camerounais, lui garantissant une soirée des plus tranquilles.
À Libreville, dans l’épicentre vibrionnant du quartier de Nkembo, une foule en délire a vécu chaque minute avec une intensité rare. L’émotion était palpable : de l’espoir frénétique à la 1ᵉ minute, à la résignation philosophique à la 7ᵉ, suivie d’un long débat sur la meilleure marque de vuvuzela jusqu’au coup de sifflet final.
Le milieu de terrain gabonais : une enquête pour disparition inquiétante

L’analyse technique est unanime et accablante. Comme l’a si élégamment résumé Curtus Apendo, expert en fauteuils : « Notre milieu de terrain était absent au début de la rencontre. » En réalité, il s’agissait d’une formation en 6-0-4 expérimentale, où les milieux semblaient avoir compris leur rôle comme purement décoratif. La correction tactique avant la mi-temps a permis le miracle : ils sont apparus. Un peu tard, certes, mais c’est l’intention qui compte.
Les supportrices : un optimisme aussi inébranlable que incompréhensible
Au milieu des débris d’un rêve précoce, Annie Laure Abeghe soufflait dans son vuvuzela avec la fougue d’une sirène d’alarme en pleine nuit. « Je soutiens les Panthères jusqu’au bout, même en cas

de défaite », clame-t-elle, avant d’ajouter, prophétisant peut-être un futur lointain : « Je sais que l’équipe fera mieux au prochain match. » Sa foi est telle qu’on se demande si elle n’a pas regardé un match différent, un où le Gabon aurait, par exemple, touché le ballon.
La réaction politique : ou comment transformer une débâcle en masterclass de communication
Richard Obiang Ava, maire et philosophe en chef, a livré une performance digne d’un prix Nobel de la consolation. « C’est la loi du football : il y a un perdant et un gagnant. Aujourd’hui c’est le Cameroun, demain ce sera le Gabon. » Sage parole. On attend avec impatience ce « demain », qui, selon les calculs les plus optimistes, pourrait survenir lors de la CAN 2037. Cette capacité à voir la défaite non comme un échec, mais comme un placement à long terme, est véritablement admirable.
Conclusion : Et maintenant ?
Le Cameroun, poli, a pris ses trois points et est parti sans faire d’histoires. Le Gabon, lui, repart avec un but encaissé, un milieu de terrain à localiser, et un trésor d’explications philosophiques. Prochains adversaires : la Côte d’Ivoire et le Mozambique. L’espoir, comme le disait si bien le maire, est reporté à « demain ». En attendant, le public gabonais peut se consoler : il a peut-être perdu un match, mais il a gagné une masterclass en résilience… et en storytelling.

