Élections au Gabon : le calendrier tangue, les listes électorales se révisent… et l’ACER fait sa mue express
Dans un ballet administratif devenu presque routinier, le ministre gabonais de l’Intérieur, Hermann Immongault, a annoncé ce vendredi après-midi un changement de pas significatif dans la valse électorale du pays. Le dépôt des candidatures pour les cruciales législatives et municipales du 27 septembre, initialement prévu du 17 au 23 juillet, est soudainement repoussé au 27 juillet jusqu’au 7 août. Une décision présentée comme une simple adaptation logistique, mais qui ne manquera pas d’alimenter les conversations dans les cercles politiques.
Le grand écart des dates
Le ministre l’a affirmé avec solennité : la transition, ouverte le 30 août 2023 et « close » par l’investiture du Général Brice Clotaire Oligui Nguema le 3 mai 2025, doit désormais accélérer vers la « Cinquième République » promise pour janvier 2026. Mais le chemin semble pavé d’ajustements. Les candidats aux sièges de députés et aux conseils locaux devront désormais patienter dix jours de plus avant de déposer leur dossier auprès de la CNOCER ou des commissions locales. Ils pourront retirer leurs formulaires… le jour même où les anciens membres de l’ACER (l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum) plieront bagage.
L’ACER : une institution éphémère ?
C’est l’autre annonce savoureuse du jour. L’ACER, cet organe clé chargé de veiller à la « bonne organisation matérielle » des scrutins et de « proposer les correctifs » aux dysfonctionnements, vit au rythme d’une saison. Ses 9 membres, soigneusement choisis en février dernier pour un mandat express de 4 mois, rendront l’âme institutionnelle ce 12 juillet. Immédiatement, un nouvel appel à candidatures sera lancé du 14 au 21 juillet. Le profil requis ? Être Gabonais, irréprochable (jamais condamné, jamais sanctionné), en bonne santé, disponible 4 mois d’affilée, doté de 15 ans d’expérience… et surtout, ne pas être déjà quelque part dans l’appareil d’État (gouvernement, cabinets, institutions, élus, candidats…). Une recherche de la perle rare, en une semaine chrono. « Reconstruire l’ACER en un claquement de doigts ? Un défi administratif digne d’un record Guinness », pourrait glisser un observateur taquin.
La chasse aux électeurs (et aux fantômes)
Conscient des enjeux, le gouvernement lance aussi une vaste opération de révision des listes électorales du 14 juillet au 12 août. Objectifs affichés :
- Inscrire les « primo-électeurs »(ceux majeurs après mars 2025).
- Permettre les changements de centre de vote (un classique des déménagements stratégiques).
- Rayer les défunts et les condamnés (une chasse aux électeurs-fantômes toujours délicate).
- Vérifier les inscriptions existantes (parfois sujettes à surprises).
Le ministre a même saisi l’occasion pour un rappel moralisateur, invoquant les valeurs de la cinquième République : « probité́, éthique, professionnalisme, responsabilité́ et transparence ». Un discours vertueux… qui contraste avec l’empressement des délais. Parmi les surprises du communiqué : une précision techno-bureaucratique. Les jeunes de 18 ans déjà recensés via le Numéro d’Identification Personnel (NIP) seraient « inscrits automatiquement ». Mais paradoxalement, on les invite « à ne pas se faire enrôler » lors de cette révision… tout en leur demandant d’aller « choisir leur centre de vote » via un formulaire. « Automatique, mais avec démarche manuelle ? Une quadrature du cercle bien gabonaise », pourraient ironiser les habitués des guichets administratifs.
Entre le dépôt des candidatures qui glisse, l’ACER à reconstruire en urgence, et les listes électorales à épurer en 30 jours, le Gabon s’engage dans une séquence électorale trépidante. Le ministre a appelé les citoyens à se rendre dans les mairies, préfectures et ambassades. Reste à voir si les électeurs suivront le rythme effréné imposé par ce calendrier… aussi flexible qu’un élastique. Une chose est sûre : la « Cinquième République » promise par le Général Oligui Nguema se construit sur un tempo où l’improvisation semble avoir son mot à dire. Affaire à suivre, avec un œil impartial et une pointe d’humour.