jeudi 17 juillet 2025
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Tribune : La Cinquième République gabonaise, un baptême du feu révélateur de résilience  

Après sa première tribune sur la souveraineté des îles Mbanié, Cocotiers et Conga, Michel Ndong Esso, analyste politique, revient avec une nouvelle tribune sur la gouvernance sociale et diplomatique de l’actuel président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ici, l’intégralité de sa tribune.

 Par Michel Ndong Esso, analyste politique

 Un départ sous haute tension  

À peine proclamée, la Cinquième République gabonaise a dû affronter des défis qui auraient pu ébranler les régimes les mieux établis. Entre l’exfiltration controversée de la famille Bongo, la perte de l’île Mbanié devant la Cour internationale de Justice (CIJ), et la crise des déguerpis de Plaine-Orety, le président Brice Clotaire Oligui Nguema

Michel Ndong Esso ©DR

a connu un baptême du feu aussi brutal qu’inattendu. Pourtant, contre toute attente, le nouveau pouvoir a su résister aux tempêtes – diplomatiques, sociales et médiatiques – avec un sang-froid qui force l’observation.

Diplomatie : l’art de la retenue stratégique 

Les premiers remous sont venus de l’international. L’exfiltration des Bongo, autorisée malgré des soupçons de crimes financiers, et la décision de la CIJ sur Mbanié (s’appuyant sur un traité colonial de 1900) ont offert des arguments cinglants aux détracteurs du régime. Certains y ont vu une atteinte à la souveraineté nationale, d’autres une faiblesse face aux puissances étrangères.

Mais là où d’autres auraient cédé à la surenchère patriotique, Oligui Nguema a choisi la désescalade. Son récent voyage en Guinée équatoriale, aboutissant à la création d’un comité d’experts bipartite, montre une approche pragmatique : privilégier le dialogue aux invectives. Son prochain déplacement en Angola suggère une même volonté de régler les crises par les canaux discrets de la diplomatie, plutôt que par des déclarations fracassantes.

Gouvernance : fermeté et écoute face aux crises sociales

  L’épreuve la plus révélatrice reste toutefois la gestion des déguerpis de Plaine-Orety. L’opération de rurbanisation, marquée par des expulsions controversées et des accusations de mauvaise foi mutuelle, aurait pu dégénérer en crise majeure. Le président a pourtant évité deux écueils : l’immobilisme et la répression brutale. En recevant personnellement les représentants des déguerpis, il a montré une double détermination :

  • Celle de ne pas céder sur les projets d’aménagement urbain ;

– Celle d’écouter les doléances pour trouver des solutions concrètes.

Cette posture – ferme sur les principes, ouverte au dialogue – contraste avec les pratiques passées. Elle illustre un style de gouvernance qui refuse autant la démagogie que l’autoritarisme.

Un style présidentiel qui rompt avec le passé 

Les critiques reprochent à Oligui Nguema sa discrétion médiatique. Mais cette retenue est peut-être calculée : dans une Afrique souvent fascinée par les leaders hyper médiatisés, le silence peut être une arme. Comme le rappelle l’adage bantu, « la parole du chef est d’autant plus sacrée qu’elle est rare ».

L’ancien régime avait sacrifié la substance au spectacle, transformant la communication en outil de diversion. La nouvelle approche, plus sobre, recentre l’action sur les résultats. Un président qui parle moins mais agit mieux vaut toujours mieux qu’un tribun qui promet sans réaliser.

Une résilience à transformer en Momentum 

 La Cinquième République a prouvé sa capacité à absorber les chocs. Reste maintenant à passer de la gestion de crise à la vision long terme. Car l’enjeu n’est pas seulement de survivre aux tempêtes, mais de construire un cap – pour le Gabon et ses citoyens.

 

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