Maroc : Un pipeline de 200 km alimente la plus grande mine de phosphate au monde en eau de mer dessalée
Face à une sécheresse historique, le géant marocain des phosphates, l’Office chérifien des phosphates (OCP), a inauguré lundi 14 juillet un pipeline stratégique de 200 kilomètres. Cette infrastructure unique au royaume transporte de l’eau de mer dessalée vers la plus grande mine de phosphate mondiale, située à Khouribga.
Sécuriser l’eau en temps de crise
Dans un pays en proie à sa septième année consécutive de sécheresse, ce projet permet à l’OCP de garantir son approvisionnement en eau « non-conventionnelle » (non potable mais traitée). Le pipeline relie la station de dessalement de Jorf Lasfar, sur la côte Atlantique, au bassin minier de Khouribga. « L’objectif est d’assurer l’autonomie hydrique du groupe pour toutes ses activités industrielles« , explique Ahmed Znibar, directeur général d’OCP Green Water, filiale en charge du projet. Confronté à une « crise hydrique exceptionnelle« , l’OCP couvre désormais 100% de ses besoins via le dessalement et la réutilisation des eaux usées.
Contribution à l’effort national
L’entreprise, désormais autonome en eau, est sollicitée par l’État pour participer à la lutte contre la pénurie. « Face à l’étendue de la crise, l’OCP prend aussi en charge les besoins en eau potable des communautés et villes voisines« , précise Znibar.
Urgence climatique record
La Direction générale de la météorologie (DGM) confirme que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc, avec un déficit pluviométrique moyen de 24,7%. Pour accélérer ses projets, OCP Green Water a levé 600 millions d’euros en avril dernier.
Dessalement à grande échelle
À l’échelle nationale, le Maroc dispose déjà de 16 stations de dessalement (capacité : 270 millions de m³/an), visant 1,7 milliard de m³/an d’ici 2030. Cette eau est cruciale pour l’agriculture (12% du PIB), durement touchée par le stress hydrique.
Défis économiques et écologiques
L’eau dessalée coûte 0,48 euro/m³ contre 0,096 euro pour l’eau conventionnelle. Un coût qui « réduit considérablement le nombre de cultures irrigables, sauf celles à très haute valeur ajoutée« , alerte l’agronome Ali Hatimy. Il souligne aussi la forte consommation énergétique du procédé et l’impact des rejets de saumure sur les écosystèmes marins.