Législatives ivoiriennes : fin de la foire aux candidatures
Après la présidentielle où Alassane Ouattara s’est offert un triomphe sans surprise, place maintenant au grand marché aux voix : les législatives du 27 décembre. Pour les 255 sièges de l’Assemblée nationale, la Commission électorale a validé pas moins de 1141 candidatures. Apparemment, tout le monde veut sa part du gâteau.
En tête de cortège, le RHDP, le parti du président, qui déploie ses troupes comme à la parade. Leur stratégie ? Inonder le terrain. Ils présentent plus de 200 candidats, et pas des moindres : le Vice-président, le Premier ministre et le ministre de la Défense en personne descendent dans l’arène. De quoi montrer qui commande ici, et qui entend bien continuer.
Face à cette armée, l’opposition fait pâle figure. Le PDCI-RDA, principal rival, aligne péniblement une centaine de prétendants, campant sur ses positions traditionnelles. Mais le véritable coup de théâtre vient de son ancien allié, le PPA-CI de Laurent Gbagbo, qui a décidé de bouder les urnes. Une belle épine dans le pied du PDCI, qui se retrouve seul au front dans certains bastions.
Sauf que la consigne de boycott, visiblement, ne fait pas l’unanimité. Preuve que l’appétit du pouvoir est plus fort que la discipline de parti, des cadres du PPA-CI présentent leur candidature… en indépendants. L’un d’eux, Stéphane Kipré, président exécutif de son propre parti, brave allègrement la ligne officielle. Un autre, plus malin, a carrément rejoint les rangs du PDCI. La solidarité n’est décidément plus ce qu’elle était.
Et c’est là le vrai visage de ces élections : une déferlante d’indépendants. Près de 60% des candidats ! On y trouve des déçus du RHDP, des frondeurs du PDCI, tous ces laissés-pour-compte de l’investiture officielle qui préfèrent tenter leur chance seuls. Le message est clair : chez les grands partis, on ne sait plus contenter tout son monde.
Alors que le RHDP part en campagne pour asseoir sa domination, l’opposition se déchire et les dissidents montent en puissance. Le 27 décembre promet moins un scrutin qu’une gigantesque foire d’empoigne.

