samedi 18 octobre 2025
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Le Retour du Sphinx : Ali Bongo reprend son héritage en main, foudroie les « usurpateurs » du PDG

Après un silence de deux ans digne d’une tragédie grecque, l’ancien monarque républicain Ali Bongo Ondimba a daigné rompre le jeûne politique. Non pas depuis le palais présidentiel (qu’il assure avoir « définitivement quitté » comme on abandonne un jouet cassé), mais depuis les hauteurs intouchables du Parti Démocratique Gabonais – son fief, son héritage, son mausolée politique. Par la voix d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue, son porte-parole-oracle, le Sphinx de Libreville a tonné contre les « usurpateurs » du 7 mars 2024, dans un manifeste où l’autorité feutrée le dispute à la vindicte dynastique.

« Le PDG n’est pas une simple organisation politique qu’on peut démanteler en débauchant quelques cadres », clame-t-il avec la solennité d’un grand prêtre défendant un dogme. « Il est une idée, un héritage, l’incarnation d’une vision du Gabon ». Autrement dit : le parti n’est pas un bien commun, c’est un fief héréditaire, une relique sacrée que les mercenaires de l’intérieur ont profanée.

Sans ambages, Bongo balaie d’un revers de main royal la direction issue du coup de force de 2024 : un « directoire illégal et autoproclamé », une « direction sans base statutaire ». Des termes juridiques lourds… pour un règlement de comptes familial. Conséquence ? Un décret solennel : « nuls et non avenus l’ensemble des actes, décisions, nominations et exclusions ». L’histoire se réécrit au tampon présidentiel seul compte le récit du Prince.

La grande farce de la légitimité se poursuit : Ali Bongo  ressuscite  par incantation les décrets de 2022 et 2023, comme on invoque les ancêtres. « Ces instances dirigeantes demeurent les seules légitimes », tranche-t-il, avant d’ajouter avec une ironie involontaire : « jusqu’à leur renouvellement complet au prochain congrès ». On devine déjà le scénario : un congrès cousu main pour une transmission dynastique sous contrôle.

Ce retour n’est pas une renaissance, mais une reconquête spectrale. Le PDG, réduit à l’état de fantôme par ses propres démons, est rappelé à l’ordre par son créateur. La « réorganisation stratégique » promise ? Une purge en satin. La « transmission et le renouvellement » ? Un couronnement différé. L’unité retrouvée sera celle du tombeau scellé  ou de la chape de plomb. Le rideau se lève sur l’acte final d’un régime qui croit encore aux miracles… surtout quand on en est le metteur en scène.

 

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