dimanche 19 octobre 2025
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Journée mondiale des mangroves: au Gabon, on célèbre le 26 juillet  en bétonnant !

Ce 26 Juillet  comme chaque année  la planète honore  les mangroves – ces super-héros écologiques. À l’événement, Libreville offre un spectacle édifiant : près 80 hectares de palétuviers sont  sacrifiés sur l’autel de l’immobilier. Les ONG se battent comme des diables, pendant que l’État… signe des papiers.  

 Quelle performance ! En quelques petites années, Libreville a « requalifié » la surface des mangroves en futurs complexes luxueux. Un rythme si effréné que la capitale gabonaise affiche désormais un joli score : 80 hectares de palétuviers déforestés. Félicitons les promoteurs : détruire un écosystème 5x plus efficace que la forêt pour stocker le CO₂, ça s’appelle du génie urbanistique !  « Quand on a vu la mangrove saccagée, on a osé demander de l’aide aux responsables du projet… [Silence gênant]. Bon, on

©Capture d’écran Afrikinternews

a fait une pépinière nous-mêmes. Depuis 2013, ça repousse. » Ce qui suppose que  des citoyens réparent bénévolement les dégâts des millionnaires. Le Gabon version « solidarité inversée ».

Observation scientifique fascinante : plus les ONG ramassent 2 millions de déchets ou replantent des propagules, plus l’État gabonais développe une propriété physique rare : l’invisibilité sélective.  « Notre mission ? Zéro déchet dans les mangroves d’ici 2030. On y croit ! Enfin… si l’État veut bien allumer son réveil », explique Modeste Ango Renamy de l’ONG la Liane

Véritable  Don Quichotte en bottes de caoutchouc, a réalisé une prouesse : faire pousser 1 000 palétuviers sur du sable ! « C’est possible ! », s’exclame-t-il, visiblement surpris que ça marche sans l’aide des ministères. Après son passage de témoin à la tête de l’ONG Plurmea, il devient  un expert  de la protection des mangroves. Il resté aussi engagé qu’à ses débuts dans ce sacerdoce:  faire  donc le job : éduquer, replanter, dépolluer… Un programme si révolutionnaire qu’il mériterait d’être saboté par l’inaction publique.

Face à l’hécatombe, les ONG implorent une zone protégée. Une idée saugrenue ? « Préserver un écosystème vital ? Allons donc ! », doivent penser certains, très occupés à signer des permis de construire.  Sous la pression civile, le gouvernement a produit un arrêté en papier recyclé : désormais, les projets en mangrove devront… [roulement de tambour]… réaliser une étude d’impact ! Magnifique avancée : on étudiera scientifiquement la destruction avant de l’autoriser. Écologie 2.0 !

 

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