Issa Tchiroma en froid avec Paul Biya : un ministre, un micro, et une volte-face historique
Issa Tchiroma, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, serait-il en passe de réaliser un exploit politique rare : passer du statut de « griot attitré du régime Biya » à celui de « critique le plus virulent des 42 ans de gouvernance » en un seul discours. Et pas n’importe quel discours : une déclaration en fulfuldé, adressée à ses partisans à Garoua, où il aurait littéralement jeté Paul Biya aux lions en le qualifiant de « bourreau».
« Toute personne qui vous invite à voter pour une chose déjà reconnue comme étant la cause de votre mal-être, c’est lui votre ennemi. » Traduction pour les non-initiés : « Si je vous dis de voter Biya, considérez-moi comme votre pire ennemi. » Un message clair, presque trop clair pour un homme qui, jusqu’à récemment, défendait bec et ongles le président sortant, selon la presse locale.
Le FSNC : du soutien inconditionnel à la rébellion interne
Leader du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Tchiroma n’est pas un novice en matière de retournements politiques. Ancien opposant rallié au pouvoir en 1992, il a passé des décennies à justifier les politiques du régime. Aujourd’hui, il accuse ce même régime d’avoir plongé la jeunesse dans « une misère indescriptible », avec des jeunes hommes incapables de se marier faute d’emploi.
Ironie suprême : c’est le ministre de l’emploi qui dénonce l’échec des politiques d’emploi. On attend toujours sa démission pour incompétence… ou son autocritique en direct sur Vision 4.
Une stratégie électorale ou un coup de gueule sincère ?
Certains y voient un calcul politique à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. D’autres pensent que Tchiroma, fatigué de jouer les « idiots utiles », a enfin décidé de se ranger du côté des populations du Nord, où son parti a une base solide.
Reste à savoir si ce « sursaut de rhétorique » se traduira par un vrai repositionnement. Pour l’instant, il appelle à un « choix audacieux » et à l’inscription sur les listes électorales. Traduction : « Votez, mais surtout, ne votez pas Biya. »
Et maintenant ?
Paul Biya, 92 ans et 42 ans de pouvoir, n’a pas encore réagi. Peut-être est-il trop occupé à regarder les rediffusions de ses anciens discours. Quant à Tchiroma, il risque soit :
- Une exclusion express du gouvernement.
- Une promotion surprise au poste de « ministre de la Contradiction permanente ».
- Un retour en grâce après une mystérieuse réunion nocturne à Yaoundé.
Affaire à suivre…si le temps vous le permet.