vendredi 20 juin 2025
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Gabon : en attendant les prochains scrutins,  la réécriture des textes est en marche. 

À 3 mois des législatives de septembre 2025, l’avant-projet de loi sur la réforme des partis politiques, incluant une timide ouverture aux Gabonais de l’étranger, a été remis au président Brice Clotaire Oligui Nguema. Deux députés pour la diaspora, 145 sièges nationaux et 18 sénateurs supplémentaires : symbole d’inclusion ou goutte d’eau dans l’océan politique ?  

 La machine électorale gabonaise s’ébranle dans un bruissement de paperasse. Sur le bureau du « patron » – chef de l’État et du gouvernement –, un document attend signature : une réforme des partis politiques qui, accessoirement, glisse deux sièges parlementaires aux Gabonais expatriés. Une première. Mais pourquoi deux, précisément, pour une diaspora dispersée de Paris à Pékin ?

La mathématique des sièges : un casse-tête (ou un casse-rêve ?  

L’équation est posée : 145 députés + 18 sénateurs en plus + 2 sièges diaspora = un total qui fait sourire les calculettes. Mais derrière les chiffres, les questions fusent : Symbolisme ou stratégie ? Deux sièges sur 147 (0,013 %), est-ce la reconnaissance d’une « nation hors frontières » ou un hochet politique ?  Comment voteront-ils ? Scrutin électronique ? Urnes volantes ? Et qui contrôlera les bureaux de vote à Dubaï ou Montréal ?  Les 18 sénateurs « supplémentaires » : un renforcement du Sénat… ou un cadeau aux alliés du régime ?  Un député de l’opposition, sous couvert d’anonymat, ricane : « On nous parle d’inclusion, mais si la diaspora était une région, elle serait la troisième du pays… et n’aurait droit qu’à deux députés. Cherchez l’erreur ! »

La réforme des partis : l’arbre qui cache la forêt ? 

L’avant-projet promet de « moraliser la vie politique ». Fort bien. Mais dans un pays où les micro-partis fleurissent comme des champignons, la loi va-t-elle imposer un seuil minimal d’adhérents ? Interdire les sigles-fantômes ? Rien n’est dit. Le flou persiste – et avec lui, le risque de voir renaître des « coalitions de circonstance ».  Ironie du sort : En 2023, le Comité de Transition avait juré de « restaurer  » la démocratie. Deux ans plus tard, la réforme arrive… en sprint pré-électoral. Coïncidence ?

Questions en suspense (et  en suspension) 

  1. La diaspora, potiche ou puissance ? Avec deux sièges, pourra-t-elle infléchir des débats sur la double nationalité ou les transferts d’argent ?
  2. Les 18 sénateurs supplémentaires : pour qui, pour quoi ? S’agit-il de rééquilibrer le poids des provinces… ou de graisser des rouages ?

Alors que le Gabon s’apprête à tourner définitivement  la page d’un demi-siècle de règne Bongo, cette réforme électorale ressemble à un tango : deux pas en avant (les sièges diaspora), un pas de côté (les 18 sénateurs de plus), et une valse-hésitation sur le reste. Reste à savoir si la musique sera assez forte pour couvrir les murmures de ceux qui réclament une vraie révolution des urnes.  Et si, finalement, les deux députés de l’étranger n’étaient que les figurants d’un théâtre où les premiers rôles se jouent à Libreville ?

 

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