Élections 2025 : la CNOCER dans le grand bain des candidatures… et les dossiers incomplets surfent sur un sursis inattendu
Alors que la date butoir du dépôt des candidatures aux élections législatives et locales était officiellement scellée le 7 août, une annonce du ministère de l’Intérieur a jeté un pavé dans la mare : un sursis de 48 heures a été accordé aux candidats aux dossiers incomplets. Une décision qui contraste avec le discours de rigueur affiché, alors que la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections (CNOCER) entame, depuis le 8 août, l’examen minutieux des milliers de dossiers reçus.
Présidée par Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur, la CNOCER s’est réunie dès le lendemain de la clôture pour trier, vérifier et valider 3 223 candidatures, un chiffre qui donne le tournis. Au menu : 145 députés (dont 2 pour la diaspora), 972 conseillers départementaux et 2 106 conseillers municipaux (répartis entre communes et arrondissements) .
Le calendrier est serré : l’examen doit s’achever le 16 août, suivi d’une période de recours jusqu’au 27 août. Pourtant, le report accordé aux retardataires interroge sur l’efficacité des contrôles préliminaires. « À l’issue de notre travail, la liste officielle des candidats retenus sera publiée », a déclaré M. Immongault, sans évoquer les dossiers prolongés.
48 heures de grâce : faveur ou cafouillage ?
Le ministère justifie ce délai supplémentaire par des « contraintes logistiques » notamment l’acheminement des dossiers des 88 commissions locales sur le territoire et des 25 commissions à l’étranger. Mais l’argument fait sourire certains observateurs : « Comment expliquer que des candidats, prévenus depuis des mois (le dépôt a commencé le 27 juillet), aient encore besoin d’un rab de dernière minute ? C’est comme offrir une rallonge à un étudiant qui n’a pas rendu sa copie… après la fin de l’examen ! » s’interroge un observateur.
Étrange pour un processus électoral présenté comme « crédible et transparent » , mais qui tolère des accommodements inattendus. D’autant que la CNOCER, composée de 12 commissaires triés sur le volet, est censée incarner une rigueur inflexible .
Cette situation s’inscrit dans un climat post-transition tendu. Après le coup d’État de 2023 et l’élection controversée du président Nguema en avril 2025 – remportée avec 94,85 % des voix, les opposants dénoncent un système verrouillé. La création récente de la CNOCER, placée sous l’égide du ministère de l’Intérieur, alimente les critiques sur son indépendance réelle. « L’examen des candidatures est une étape cruciale pour la légitimité des élections. Si on commence par faire des exceptions, où s’arrêtera-t-on ? », se demande un politologue sous couvert d’anonymat.
Pourtant la campagne électorale démarre le 17 septembre pour un scrutin fixé au 27 septembre. La CNOCER joue contre la montre. Le sursis accordé aux candidats négligents pourrait être perçu comme un geste pragmatique… ou comme un signe de laxisme dans un processus où chaque détail est scruté.
Une chose est sûre : dans le grand théâtre électoral gabonais, l’entrée en scène des retardataires ajoute une note de tragi-comédie. Reste à savoir si le public – les électeurs – en rira ou en pleurera.
Si vous avez oublié votre certificat de moralité ou votre reçu de NIP, pas de panique ! Le ministère vous offre une deuxième chance… à condition que votre dossier soit presque complet. Par contre, pour les promesses électorales, aucune tolérance : elles devront être livrées à temps et sans faille.