mercredi 3 décembre 2025
À la uneAfrikExpress

Cameroun : Mort en détention d’Anicet Ekane, opposant historique et figure de la résistance

Le Cameroun est sous le choc, ce lundi 1er décembre 2025, après l’annonce du décès en détention d’Anicet Ekane, président du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (MANIDEM). Il avait 74 ans.

L’opposant historique, interpellé le 24 octobre dernier en pleine crise post-électorale, est mort dans les locaux du Secrétariat d’État à la Défense (SED), où il était incarcéré avec d’autres responsables politiques ayant contesté les résultats de la dernière présidentielle. La nouvelle, glaçante, a été confirmée par son avocat, Maître Emmanuel Simh, qui évoque un « décès survenu en situation de privation de liberté ».

Les circonstances exactes de cette mort restent, à ce stade, obscures. Son entourage juridique rapporte une brutale dégradation de son état de santé ce week-end, malgré les soins prodigués au Centre Médical Militaire de la Gendarmerie Nationale. Le ministère de la Défense, dans un communiqué, affirme pour sa part que Anicet Ekane, souffrant de « pathologies chroniques », bénéficiait d’une « prise en charge appropriée » et annonce l’ouverture d’une enquête.

Une annonce qui peine à apaiser l’émotion et la colère. Pour ses proches et ses soutiens, cette disparition en prison résonne comme une tragédie nationale et une perte irréparable.

Figure majeure de la gauche nationaliste, Anicet Ekane était un pilier de la résistance politique depuis des décennies. Né à Douala en 1951, il a forgé son engagement au sein de l’Union nationale des étudiants du Kamerun (UNEK) dans les années 1970, avant de rallier l’UPC et de fonder finalement le MANIDEM en 1995. Son parti avait récemment dénoncé des « arrestations abusives » visant à « intimider les Camerounais » qui attendent que « le verdict des urnes soit respecté ».

L’avocate iconique des droits humains, Maître Alice Nkom, a immédiatement fait entendre sa voix brisée par la douleur. « J’ai appris, à l’instant, avec une émotion profonde […] que mon frère de combat, Anicet Ekane, est décédé. Son décès est une tragédie immense pour notre pays », a-t-elle déclaré. Pour elle, il n’était pas qu’un leader : « C’était un homme vrai. Un être profondément humain. Un ami. Un frère, un de ces rares hommes qui portent en eux l’intégrité, la loyauté, le courage, tout ce qui manque si douloureusement à ce pays. »

La mort d’Anicet Ekane plonge la scène politique camerounaise dans le deuil et soulève avec une acuité brutale des questions brûlantes sur les conditions de détention des opposants et le respect des droits fondamentaux en période de tension. Une page de l’histoire de la dissidence au Cameroun vient de se tourner, dans l’ombre d’une cellule. L’attente de la vérité sur ses derniers jours est désormais un enjeu de justice et de mémoire.

 

Laisser un commentaire