mardi 9 décembre 2025
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La Voix de l’Amérique en deuil: l’une de ses voix s’est éteinte, Idrissa Seydou Dia, monument du journalisme francophone

Pendant 54 ans, sa voix a été le lien entre l’Amérique, l’Afrique et le monde. Une légende de la VOA disparaît, laissant derrière elle un héritage d’intégrité, de passion et de mélodies. Le paysage médiatique francophone est en deuil. Une voix s’est tue ce mercredi 3 Décembre 2025, celle qui, pendant plus d’un demi-siècle, a narré l’actualité du monde avec une autorité bienveillante et une clarté devenue légendaire. Idrissa Seydou Dia, pilier historique de la Voix de l’Amérique (VOA), s’est éteint, emportant avec lui un pan entier du journalisme radio. Sa disparition résonne comme la fin d’une époque, laissant un silence immense là où régnaient son timbre chaleureux et sa diction impeccable.

Cinquante-quatre années durant, Idrissa Seydou Dia a incarné l’excellence et la constance au sein de la VOA. Parti des échelons les plus modestes, il en est devenu la figure de proue francophone, une référence absolue pour des générations d’auditeurs et de professionnels. Son micro n’était pas seulement un outil de travail ; c’était l’instrument d’un art. Un art fondé sur un attachement viscéral à la

 

déontologie, une rigueur sans faille, et cette élégance naturelle qui faisait de chaque bulletin une leçon. Respecté, admiré, parfois imité, il restait inimitable.

La Voix d’un “Grand”

Au-delà du monument, il y avait l’homme, le mentor, le “Grand”. Ses collègues, saisis par la perte, lui rendent un hommage empreint d’une profonde affection.

Abdourahmane Dia, Rédacteur en Chef du service francophone de la VOA, se souvient :

«Je ne l’appelais jamais par son nom. C’était une voix tellement mythique, celle de la VOA et de Radio Sénégal des années 1970, qu’elle semblait appartenir à un autre monde. Elle a inspiré tant de journalistes, dont moi, qui le suivais religieusement sur les ondes courtes. Jamais je n’aurais imaginé, un jour, partager l’antenne avec lui. Ce fut un honneur et une grâce. »

 

John Lydon, journaliste et présentateur, témoigne, avec émotion :

«Repose en paix, Idrissa Seydou Dia. Que d’enseignements, que de conseils reçus de mon “Grand”, comme je l’appelais. »

Le passeur de mélodies

Idrissa Seydou Dia ne se limitait pas à l’actualité. Il était aussi un esthète, un passeur culturel. Grand amoureux de jazz et de blues, il partageait cette passion avec une grâce rare. Aux côtés de Roger Guy Folly, il transformait son émission en un cabaret sonore, faisant voyager ses auditeurs de La Nouvelle-Orléans à Chicago, sur les ailes des voix d’ Ella Fitzgerald, de B.B. King ou de Miles Davis. Ces parenthèses musicales n’étaient pas des divertissements ; c’étaient des leçons d’humanité, une autre façon de raconter le monde.

Une douleur partagée

En ces heures douloureuses, nos pensées vont tout particulièrement à son frère, Ibrahima Dia, ainsi qu’à son ami et confrère de toujours, Idrissa Fall. Ils portent un deuil que partagent aujourd’hui toute la profession journalistique et des milliers d’auditeurs à travers le globe, pour qui sa voix était devenue familière, fiable, presque familiale.

Sa disparition survient dans un contexte déjà difficile pour la VOA, où près de 2 000 employés sont en congé administratif depuis mars 2025. Elle ajoute une couche de tristesse personnelle à une période d’incertitude institutionnelle, rappelant la fragilité des voix qui nous informent.

Fondée en 1942, la Voix de l’Amérique demeure le plus grand et le plus ancien diffuseur international américain, émettant en 47 langues. Idrissa Seydou Dia en fut, pendant des décennies, l’une des incarnations les plus nobles et les plus respectées.

La voix d’Idrissa Seydou Dia s’est éteinte. Mais son écho, lui, ne cessera jamais de résonner. Il perdure dans les mémoires qu’il a nourries, dans les consciences qu’il a éveillées, et dans l’idéal de journalisme – exigeant, intègre et profondément humain – qu’il a inlassablement défendu.

La rédaction d’Afrikinternews  présente ses condoléances les plus attristées à sa famille, à ses proches, et à l’ensemble de la communauté journalistique mondiale.

 

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