Quand le PDG transforme la cour constitutionnelle en ring de catch politique
Alors que les Gabonais attendent sagement leurs élections de septembre, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) offre un spectacle bien plus captivant : un mélo politico-judiciaire digne d’un soap opera, avec la Cour Constitutionnelle promue arbitre malgré elle d’une querelle de cour qui ferait pâlir d’envie les héritiers de feue « Dynastie ».
Sur le ring bleu, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, toujours convaincu d’être le légitime Secrétaire Général désigné par l’oracle (alias feu Ali Bongo), brandit un parchemin invisible. « Victoire ! », tonne-t-il, interprétant le simple fait que la Cour regarde le dossier comme un sacré divin. « La Justice a parlé ! Le droit triomphe de l’usurpation ! ». Son équipe, déjà en train de tailler les costumes pour les investitures « consensuelles » (c’est-à-dire, choisies par lui), distribue des cigares. La Justice aurait-elle vraiment « tranché » ? Pas tout à fait. C’est comme crier victoire au foot parce que l’arbitre a sifflé le coup d’envoi.
Dans le coin opposé, drapée dans la bannière du PDG qu’elle occupe physiquement comme une forteresse, Angélique Ngoma lève un sourcil sceptique digne d’un juge suprême. Son camp rappelle, avec une patience exaspérée : « Amis, calmez vos triomphes prématurés ! ». Leur argument-massue : c’est eux qui ont lancé l’affaire au tribunal de première instance. Et ce tribunal, le 25 juillet, a simplement dit : « Trop gros pour moi, ça sent la Constitution brûlée, on envoie ça devant la cour constitutionnelle ! ». Pas de décision. Juste une passe. « Prétendre que c’est fini, c’est du fake news à la sauce PDG ! », tonne leur porte-parole, qualifiant les déclarations adverses de « tentative grossière de réécriture procédurale ».
Le grand cirque constitutionnel
Le Tribunal de Première Instance : « Oulala, c’est chaud patate, y’a un gros mot ‘inconstitutionnalité’ là-dedans. Hop, je refile le bébé brûlant à la Cour Const’ ! Suspension de jeu ! » La Cour Constitutionnelle se retrouve avec un dossier explosif sur le bureau, transformée malgré elle en arbitre d’une guerre de succession digne d’un mauvais épisode de Succession. Mais, les deux clans ignorent allègrement les subtilités juridiques (« suspension », « exception », « renvoi ») pour bombarder l’opinion publique de déclarations triomphales (côté Onanga) ou d’avertissements sévères (côté Ngoma). L’objectif ? gagner la bataille médiatique avant même la bataille juridique, histoire d’influencer… le dépôt des candidatures au ministère de l’Intérieur. Parce qu’en politique gabonaise, le temps presse toujours plus que la Justice ne statue.
Morale de l’histoire ? Alors que le Gabon tente péniblement de tourner la page Bongo, le PDG semble déterminé à rejouer les vieux scénarios de division et de bataille d’égos dans le temple même de la Loi. La seule chose « consensuelle » dans cette affaire, c’est peut-être le goût prononcé des protagonistes pour le théâtre et la communication… créative. La Cour Constitutionnelle, elle, joue désormais le rôle du juge tentant de calmer deux enfants se disputant un jouet en hurlant « C’EST À MOI ! » avant même que le verdict ne soit rendu. Le spectacle continue, payant pour les citoyens-spectateurs.