RDC : Joseph Kabila, l’ombre qui plane sur les accords de paix et défie Kinshasa
Alors que Kinshasa signe des accords à Washington et Doha pour tenter d’éteindre les feux à l’Est, l’ancien président Joseph Kabila se dresse en figure incontournable et contestataire, prêt à jouer sa propre partition politique, immunité ou pas.
Dans les coulisses des négociations internationales sur l’Est de la RDC, Joseph Kabila mène sa propre guerre. L’ancien président, toujours très présent à Goma, a claqué la porte sur le volet minier crucial de l’accord bilatéral Kinshasa-Kigali scellé sous l’égide américaine. Un rejet franc qui en dit long sur son intention de peser de tout son poids sur l’avenir du pays, malgré la perte récente de son immunité parlementaire et des poursuites judiciaires.
Consultations Est et Manœuvres en Cours : Kabila vient de boucler une série de consultations stratégiques à Goma et Bukavu. Un document en serait issu, mais son équipe joue la montre : la conférence de presse prévue est reportée, aucune date de publication n’est annoncée. Selon un proche interrogé par RFI, ce rapport pourrait servir de munition dans un dialogue national porté par les Églises catholique et protestante, auquel l’ex-chef de l’État compte bien participer activement.
Quel Retour ? Quelles intentions ? Ses alliés assurent qu’il ne s’agit pas d’un come-back direct au pouvoir. Officiellement, Kabila réclame une reconnaissance de ses griefs : la mauvaise gouvernance et l’insécurité persistante dans l’Est, où des millions de déplacés attendent un retour durable. Une rhétorique qui fait habilement écho aux récentes déclarations américaines insistant, par la voix du Département d’État, sur l’impérative nécessité d’une « gouvernance inclusive » , et de solutions durables pour les populations affectées.
Le Lobbying dans l’Ombre : Cette convergence n’est peut-être pas un hasard. Il y a un mois, Kikaya Bin Karubi, l’un des conseillers les plus influents de Kabila, menait une mission de lobbying à Washington.
Un signe que le camp Kabila agit aussi sur le terrain diplomatique international pour défendre ses vues.
Une chose est claire : Joseph Kabila n’a pas dit son dernier mot. Immunité rayée, mais ambition intacte, il reste en embuscade, observant fébrilement les processus de Doha et Washington. Peu importe leur issue, lui entend bien imposer sa présence et son agenda sur l’échiquier politique congolais. Le dialogue des Églises pourrait être sa prochaine tribune. La question qui brûle : jusqu’où ira-t-il pour se repositionner en faiseur de rois, voire en roi non couronné, dans une RDC en pleine tourmente ?