Guinée : Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, l’anniversaire silencieux d’une disparition « éclairée »
Cela fait précisément 365 jours que la Guinée a « perdu » deux figures du Front national de défense de la Constitution (FNDC). Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, militants en plein préparatifs d’une manifestation contre la junte du président de transition Mamadi Doumbouya, ont été cueillis avec une efficacité déconcertante. Leur crime ? Avoir cru que minuit était une heure convenable pour discuter démocratie.
Une disparition aux méthodes « scénarisées »
Dans la nuit du 9 juillet 2024, une escouade non identifiée que des voisins décriront par hasard avec des uniformes de gendarmerie et forces spéciales a transformé le domicile de Bah en studio de cinéma. Sans mandat ni formalité, ces hommes armés ont procédé à une extraction musclée des deux activistes, traînés au sol sous les yeux de leurs familles. Un protocole d’enlèvement si rodé qu’on se demande s’il ne figurait pas dans un manuel de « transition apaisée ».
Le mutisme, nouvelle doctrine d’État
Depuis cette expédition nocturne, aucun signe de vie. Les familles réclament des réponses, mais l’administration oppose une rigoureuse application de la doctrine zéro communication prouvant une maîtrise exceptionnelle de l’art de ne surtout rien confirmer, ni infirmer.
Ironie du calendrier
Prélever des opposants la veille d’une manifestation : un timing qui évite soigneusement l’embarras des contre-manifestations. Une logique implacable, si ce n’est ce détail fâcheux… l’absence totale de procédure judiciaire depuis douze mois.
Les proches des disparus continuent de frapper aux portes de l’État, comme on cognerait dans une pièce vide. Le gouvernement, quant à lui, cultive son jardin secret avec le même sérieux qu’il promettait « une transition transparente ». Reste une question en suspens : en Guinée, un anniversaire sans nouvelles est-il un cadeau… ou une sentence ?