samedi 18 octobre 2025
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Gabon : Le grand choc Institutionnel de la Ve République est lancé

Exit les ajustements à la marge. Le Gabon s’attaque de front à la refonte totale de son ADN institutionnel. Ce mardi 5 août, le ministère de la Réforme et des Institutions, flanqué de l’Union européenne et d’International IDEA, a lancé un séminaire de haut vol. Objectif affiché : passer du discours à l’acte pour bâtir la Ve République promise. Pas question de bricoler : il s’agit ni plus ni moins de réinventer la machine étatique gabonaise.

Le défi : plus qu’une réforme, une refondation

François Ndong Obiang, ministre de la Réforme, a planté le décor sans détour : « Le Président de la République veut implanter un nouveau Gabon. Point de demi-mesure. » La Constitution du 19 décembre 2024 n’est qu’un point de départ. Ce qui se joue maintenant, c’est la traduction concrète,

tangible : une ‘’restructuration complète’’ des organes, une refonte totale des textes, et surtout, l’instauration d’une collaboration inédite entre les institutions, baignée de clarté et de responsabilité. Un chantier titanesque, confié à un ministère désormais placé au cœur de l’échiquier gouvernemental.

Un « nouveau contrat social » : la promesse de rupture

©DR

 

Le Vice-président Alexandre Barro Chambrier a enfoncé le clou, parlant de refondation globale. « Arrêt de la transition, nouvelle Constitution, élection présidentielle… Les bases d’un nouveau contrat social, politique et institutionnel sont posées », a-t-il martelé. Mais l’avertissement est clair : « Ce n’est pas un exercice technique ! » Il s’agit d’incarner la soif populaire d’une gouvernance plus juste, responsable, transparente. Le cœur du problème ? Changer nos pratiques, nos comportements, nos mentalités. » La réforme ne sera légitime que si elle est appropriée par les citoyens eux-mêmes, a-t-il insisté, conviant tous les acteurs (État, collectivités, société civile, secteur privé, citoyens) à co-construire cette nouvelle ère. « Une réforme réussie ne se décrète pas », a-t-il rappelé, appelant à un dialogue inclusif et sans fard.

Partenaires à bord : accompagner, sans Imposer

L’Union européenne et International IDEA ne sont pas là en figurants. Leur présence affichée lors de ce marathon de 48 heures est un gage de soutien concret. L’UE a réaffirmé son engagement sans faille aux côtés du Gabon, particulièrement à l’approche des échéances cruciales (législatives, locales, sénatoriales, mise en place du CESE, renouvellement de la Cour constitutionnelle). Son mot d’ordre : « Partenaire, pas prescripteur ». Nicholas Matatu (IDEA International) a précisé le rôle de son organisation : booster l’expertise technique et catalyser les échanges de savoirs.

L’enjeu ultime : une mutation culturelle

Le séminaire ne vise pas seulement à pondre de nouvelles lois. Son ambition est plus profonde, plus radicale : jeter les bases d’un changement de culture institutionnelle. L’objectif est que les pratiques, réflexes et esprits évoluent pour coller aux standards d’un État moderne et démocratique. Les recommandations issues de ces deux jours d’intenses débats seront consignées dans un rapport final. Ce document ne sera pas une simple archive : il doit devenir le socle opérationnel, la feuille de route incontournable de la transformation nationale à venir.

Le Gabon a enclenché sa grande métamorphose institutionnelle. Le séminaire de Libreville en est le coup d’envoi officiel. La promesse est audacieuse : tourner la page des dysfonctionnements passés pour écrire celle d’une Ve République efficace, transparente et ancrée dans une nouvelle relation État-citoyens. Le chemin s’annonce exigeant : entre l’ambition affichée et la réalité du terrain, le défi de l’appropriation et du changement des mentalités reste le plus grand à relever. La balle est désormais dans le camp des acteurs pour transformer l’essai.

 

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