Gabon: Coup d’envoi de la session criminelle, Sylvia Bongo et son fils Noureddin manquent à l’appel
Ce lundi 10 novembre, le palais de justice de Libreville a connu une affluence record. Malheureusement pour le public venu assister au « procès du siècle », les principaux protagonistes – l’ex-première dame Sylvia Bongo et son fils Noureddin Bongo Valentin, ont choisi la version contumace. Traduction judiciaire : ils ne sont pas venus.
La session criminelle spéciale, très attendue, a donc débuté dans une atmosphère étrange, entre suspense légal et désillusion collective. Après plusieurs suspensions et débats procéduraux, le procureur général a même proposé de dissocier le dossier Bongo de celui des autres accusés. Comme pour mieux isoler l’absence.
« Une audience qui manque de saveur »
Lionel Engongah, président de l’ONG SOS prisonniers, n’a pas mâché ses mots : « Les principaux accusés sont en liberté provisoire. La majorité des procédures […] est toujours assortie d’une interdiction de sortir du territoire gabonais. Comment les autorités judiciaires ont-elles pu prendre une telle décision ? » Une question qui plane comme un parfum d’exception gabonaise.
Au menu des inculpations : détournement de fonds publics, corruption, blanchiment, destruction de documents officiels, contrefaçon des sceaux de la République… La liste est si longue qu’on se demande comment ils auraient eu le temps de faire autre chose.
Présents… ou presque
Autre absent remarqué : Mohamed Aliou Oceni, ancien directeur de cabinet adjoint de la présidence. Retenu pour « raisons médicales » selon l’administration pénitentiaire. Rassurez-vous, promis, il sera là mardi. En attendant, les autres accusés – certains en liberté provisoire, d’autres détenus – devront patienter jusqu’à ce mercredi 12 novembre pour connaître leur sort.
« Clarification » ou mise en scène ?
Me François Meye, avocat de plusieurs accusés, appelle à la « manifestation de la vérité ». Un vœu pieux dans un prétoire où, selon lui, les irrégularités s’accumulent. Il dénonce notamment la composition de la cour : « Celui qui est président audiencier n’a pas la qualité. C’est une violation de la loi organique. » Autrement dit : le tribunal lui-même serait en infraction.
Le procès a donc débuté, mais la vérité, elle, semble toujours en cavale. Entre les absents stratégiques, les retards médicaux et les questions sur la légitimité de la cour, le spectacle judiciaire promet d’être long… et riche en rebondissements. Les Gabonais, suspendus à cette pièce aux acteurs fuyants, attendent toujours que le rideau se lève pour de bon.

