dimanche 19 octobre 2025
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Congo-Brazzaville: Présidentielle 2026, l’éternel retour en scène

Sous la houlette du ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou, le gouvernement a dégainé son arrêté du 7 août : révision des listes électorales du 1ᵉʳ septembre au 30 octobre 2025, présidentielle fixée au 22 mars 2026. Les militaires voteront en catimini cinq jours avant, une habitude qui avait nourri les soupçons de fraude en 2021. On croirait entendre le même disque rayé : en 2021, le taux de participation officiel (67%) masquait déjà des accusations de bourrage d’urnes et une coupure internet stratégique le jour du vote.

 À gauche, Destin Gavet (Mouvement républicain), investi en janvier. À droite, l’inénarrable Pasteur Ntumi, ex-chef rebelle des milices « Ninja » accusé d’exactions pendant la guerre civile, qui brandit désormais l’étendard du « changement » avec son CNR. Curieusement, ses meetings sont accompagnés par les préfets locaux, tandis que ses hommes toucheraient des salaires au ministère de l’Intérieur. Un opposant bien trop commode pour inquiéter le vrai patron. Sassou Nguesso : le roi est (déjà) nu… mais pas détrôné  Tandis que ses supporters de l’Adal lancent une quête populaire pour financer sa campagne, le PCT (Parti congolais du travail) organise son congrès de fin d’année pour entériner l’inévitable : un cinquième mandat pour l’homme de 81 ans. La Constitution ? Modifiée en 2015 pour sauter le verrou des deux mandats. L’économie ? À genoux (dette abyssale, pétrole à 55% du PIB). Mais le « Sphinx de Brazzaville » veille : après 36 ans au pouvoir cumulés, il incarne une « stabilité » que ses créanciers chinois et pétroliers semblent chérir.

« Nous n’acceptons pas que le processus de modernisation s’arrête » a dit, Maixent Raoul Omoinga, président de l’Adal. En clair, la modernisation peut attendre… mais pas le règne de Sassou.

Ce qu’ils ne disent pas… c’est  que le Pool, fief de Ntumi, reste une zone sinistrée par la guerre civile : l’agriculture y est ruinée, les populations fuient les miliciens recyclés en politiciens.  Évincée ou décimée en 2021, le principal rival de Sassou, Guy-Brice Parfait Kolélas, est mort du Covid en plein transfert médical… après un scrutin « calamiteux » selon ses pairs. L’Occident se tait : le pétrole et la « stabilité » valent bien quelques entorses à la démocratie.

2026 s’annonce comme un théâtre d’ombres : derrière l’apparat d’un processus électoral « en ordre de marche », le Congo reste englué dans un système où l’alternance n’est qu’un mot. Et tandis que Sassou peaufine son exit stratégique (ultime ?), Ntumi joue les faire-valoir… sous le regard bienveillant du palais.

 

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