« Bateaux fantômes » russes : le Gabon en action pour préserver sa souveraineté et son image internationale
À la suite de la révélation de l’affaire des « bateaux fantômes » russes immatriculés sous pavillon gabonais, un vaste scandale lié au contournement des sanctions internationales contre la Russie, le gouvernement gabonais a engagé une réponse stratégique, ferme et transparente. Face à ce dossier sensible, les autorités de Libreville entendent mener une enquête approfondie et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la crédibilité du pays sur la scène internationale et éviter toute sanction économique ou diplomatique.
Une enquête approfondie pour établir les responsabilités
Sous l’impulsion du ministre d’État des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, une commission spéciale d’experts a été constituée. Composée de membres de son cabinet et de la Direction générale de la Marine marchande, cette mission s’est rendue au siège de la société émiratie Inter Shipping LLC du 4 au 7 septembre 2025 pour un audit complet.
L’objectif de cette inspection était sans équivoque : auditer le fonctionnement de la société, avec laquelle le Gabon a un accord de gestion de sa flotte internationale, et s’assurer de la conformité des procédures d’immatriculation des navires battant pavillon gabonais. Cette action démontre la volonté inflexible du gouvernement de voir clair dans ce dossier et de ne laisser aucun doute planer sur l’intégrité de son registre maritime.
Une pression internationale et des risques substantiels
La situation est urgente et les enjeux sont colossaux. Inter Shipping LLC est sous le feu des critiques depuis que l’Union européenne et le Royaume-Uni l’ont sanctionnée le 19 juillet 2025. Elle est accusée d’être un maillon clé dans la stratégie du Kremlin pour contourner les sanctions internationales, notamment en permettant l’écoulement du pétrole russe via une « flotte fantôme ».
Cette flotte, souvent composée de navires vieillissants, emploie des pratiques opaques comme la désactivation de leur système d’identification (AIS) ou des transferts en pleine mer (ship-to-ship) pour brouiller les pistes et masquer l’origine des cargaisons, représentant aussi un risque environnemental et sécuritaire.
Le Gabon, qui a récemment connu une transition politique, est bien conscient des risques diplomatiques et économiques auxquels il s’expose si les accusations se confirment. Une image ternie, une perte de crédibilité et de potentielles sanctions pourraient affecter son économie et ses relations internationales. C’est pourquoi la réaction des autorités est aussi rapide et déterminée.
Vers une refonte du partenariat et une période de transition
L’audit a conduit à des conclusions sans appel sur la nécessité de réformes. Si Inter Shipping LLC affirme respecter les normes et s’engage à retirer « immédiatement » tout navire non conforme, le gouvernement gabonais envisage déjà de changer de partenaire si nécessaire.
La mission a recommandé l’ouverture de discussions avec d’autres partenaires compétents pour envisager des réformes en profondeur et un renforcement des capacités locales de gestion maritime. Parallèlement, une période transitoire de deux mois a été accordée à Inter Shipping LLC pour permettre à ses avocats basés à Londres de poursuivre les procédures juridiques engagées contre les sanctions.
Une communication transparente pour rassurer la communauté internationale
La volonté de transparence du Gabon est également visible par son dialogue actif avec ses partenaires. Le ministre d’État Ulrich Manfoumbi Manfoumbi a discuté de ce « dossier sensible » dès le 10 septembre 2025 avec Aichatou Sanni Aoudou, la Haut-Commissaire du Gabon près le Royaume-Uni. Il lui a fait part de la détermination du pays à « agir avec rapidité et détermination ».
Le gouvernement gabonais réaffirme ainsi son engagement à garantir une gestion « rigoureuse, transparente et crédible » de son registre international des navires, dans le strict respect des standards internationaux. Cette crise est perçue à Libreville comme une opportunité pour assainir un secteur stratégique, tourner la page des pratiques opaques et envoyer un signal fort à la communauté internationale : le Gabon est un partenaire fiable et responsable qui prend ses engagements au sérieux.