Alain-Claude Bilie-By-Nze sonne la charge contre la nouvelle Taxe forfaitaire d’habitation (TFH)
C’est un réquisitoire aussi acéré qu’une facture d’électricité en plein été. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et figure de l’opposition gabonaise, a déclaré la guerre, mardi, à ce qu’il appelle le « dernier prélèvement de la panne politique » : la Taxe forfaitaire d’habitation (TFH). Devant un parterre de journalistes à Libreville, le président du parti Ensemble pour le Gabon (EPG) a démonté, pièce après pièce, ce qu’il considère comme un « racket officiel » ciblant des foyers étranglés par la vie chère.
« La taxe carbone et maintenant l’impôt sur le toit… La liste des ponctions s’allonge comme un inventaire à la Prévert du désespoir »
D’emblée, il attaque le mécanisme même de la TFH, qui sera collectée sur les factures d’électricité dès 2026. « Appelez un chat un chat : ce n’est pas une taxe d’habitation, c’est une taxe sur l’électricité. Autrement dit, un impôt sur l’air conditionné du riche et la lampe du pauvre. » Et de souligner, avec un sens de la formule cinglant, l’absurdité d’une mesure qui aligne, dans la même colonne de prélèvement, « le veilleur de nuit d’Angondjé et l’habitant des beaux quartiers, tandis qu’une mère de famille d’Awendjé paiera dix fois plus, sans que personne ne comprenne pourquoi. »
La grande braderie de la justice fiscale
Bilie-By-Nze enfonce le clou en convoquant les chiffres de la Banque mondiale : plus d’un tiers des Gabonais sous le seuil de pauvreté. « Plutôt que de s’attaquer à la corruption, au chômage des jeunes ou à la gabegie financière, l’État choisit la facilité : il ponctionne ceux qui n’ont pas les moyens de fuir. »
L’opposant pointe surtout une incohérence majeure : « Instaurer une taxe d’habitation sans cadastre, c’est comme vendre des tickets de métro dans une ville sans rails. » Et de rappeler, en expert agacé, que toute fiscalité digne de ce nom devrait tenir compte de la qualité du logement, de l’urbanisation, des services publics.
« Ici, on fait l’inverse : on taxe d’abord, on réfléchira peut-être après. »
Appel à la mobilisation citoyenne
Face à ce qu’il nomme une « mesure indécente », Bilie-By-Nze passe à l’offensive politique. Il appelle à une mobilisation générale, convoquant partis, syndicats et société civile dans une alliance du refus. « Le temps n’est plus à la protestation polie, mais à la désobéissance civique. Refusons cette taxe inique. Réfléchissons collectivement à comment briser ce cycle de prélèvements absurdes. »
Derrière l’appel à la révolte fiscale, c’est un constat plus large qu’il dresse : celui d’un pouvoir qui, à force de manquer d’imagination, se réfugie dans la pression fiscale, creusant un peu plus le fossé entre une population exsangue et des dirigeants accusés de gouverner à coups de factures.
Le gouvernement, lui, justifie la TFH par l’impératif de soutenir les finances publiques et la relance. Mais face à la colère qui monte, l’argument a du mal à passer. La « taxe de la dernière chance » ressemble de plus en plus, pour ses détracteurs, à la preuve d’un échec politique assumé – et d’un État qui, à défaut de mieux faire, se contente de prélever.

